L’alcool provoque un grand chambardement dans le corps. Et la gueule de bois en est le signe. Parce que toute douleur correspond à un signe. Et là, c’est le signe d’un empoisonnement. A la vôtre !
Et voilà ce que c’est que d’écouter un peu trop les poètes : « Enivrez-vous » clamait Baudelaire. Et comme vous aimez la poésie, vous l’avez suivi. Trop tard pour vous rappeler que Rimbaud disait, lui, que, « l’ivresse, c’est le dérèglement de tous les sens ». D’où la gueule de bois et cette sensation d’avoir la bouche sèche (d’où le nom) alors que vous avez bu beaucoup de liquide.
Cela ne relève pas que de la sensation. La première caractéristique de la gueule de bois, c’est justement la déshydratation. Et ce n’est pas de boire plus d’alcool qui va compenser. Car il bloque la production d’ADH par le cerveau, qui est l’hormone anti-diurétique. Cette dernière oblige le corps à garder son eau le plus longtemps possible. Sans cette hormone, on va uriner et transpirer davantage et donc éliminer beaucoup plus d’eau que nécessaire.
Il n’est pas impossible non plus que les maux de tête soient également dus à cette déshydratation qui prive les cellules de leur liquide vital, en particulier les neurones. D’où la première chose à faire : boire de l’eau pour compenser. Mieux même : boire un verre d’eau pour un verre d’alcool pendant la soirée. Conseil d’expert…
L’effet d’un poison
Sous ses airs bonhommes de lendemain de fête, la gueule de bois est un vrai empoisonnement Les douleurs qu’elle provoque sont une réaction du corps à cet empoisonnement. On peut normalement éliminer un verre d’alcool par heure (mais gardons la modération à l’esprit). C’est le foie qui se charge de ce boulot. Il transforme l’éthanol de l’alcool en plusieurs produits dont surtout de l’acétaldéhyde (ou éthanal) qui est un poison.
Dans un deuxième temps, le foie va transformer cet acétaldéhyde en acétate, qui est beaucoup moins nocif. Mais plus on boit, plus cette deuxième opération prend du temps et donc… douleur, maux de têtes, tachycardie.
D’où l’intérêt de bien manger. D’abord sur le moment pour compenser l’ivresse et préserver l’estomac d’un trop plein d’acidité mais en même temps de ne pas manger gras pour ne pas donner trop de boulot au foie.
Et l’estomac alors ?
Parce qu’il faut penser aussi à l’estomac. L’alcool provoque une inflammation des tissus qui peut conduire à une « gastrite alcoolique », les fameux vomissements si festifs… Là encore, ne pas surcharger le baudet en boissons acides : pas de jus de citron ou d’orange histoire de se rafraîchir.
Et tout ceci ne s’améliore pas avec l’âge. Passée la quarantaine, beaucoup mettent plus de temps à récupérer d’une cuite. En cause, le ralentissement du métabolisme avec l’âge et notamment de la production d’enzymes. Ce sont celles du foie qui opèrent les transformations de l’éthanol et leur moindre production avec l’âge rend ce travail encore plus lent. On ne peut même pas boire pour oublier son âge… il vous le rappellera.
Alors, consommez avec (beaucoup) de modération.
Jean-Luc Eluard
Image par Michal Jarmoluk de Pixabay