Un loulou de Poméranie hongkongais a attiré l’attention des médias internationaux cette semaine, après que les scientifiques ont trouvé chez lui des traces de coronavirus. Une fois obtenue la confirmation que son propriétaire était positif pour le virus à l’origine du Covid-19, le chien a été emmené de l’île de Hong Kong vers un centre de quarantaine pour animaux situé à proximité. Des tests menés ultérieurement sur des prélèvements réalisés au niveau du nez et de la gorge de l’animal ont alors révélé, contre toute attente, la présence du coronavirus.

Ces résultats ont soulevé de nombreuses questions. Les chiens peuvent-ils vraiment attraper le virus ? Devrions-nous craindre que nos animaux de compagnie tombent malades ? Les chiens peuvent-ils transmettre le virus d’une personne à l’autre ?

Le résultat positif pour le coronavirus obtenu chez ce loulou de Poméranie ne signifie qu’une seule chose : qu’un petit morceau de génome viral a été détecté dans un des échantillons prélevés sur l’animal. La technique utilisée pour le mettre en évidence (la PCR, acronyme de l’anglais Polymerase Chain Reaction) est très sensible, mais elle ne permet pas de savoir si le coronavirus se répliquait effectivement chez le chien, ou bien si celui-ci avait simplement léché, dans la maison où il vivait, des surfaces contaminées par le virus.

On ne sait pas exactement combien de temps le virus SARS-CoV-2, qui provoque la maladie Covid-19, peut survivre dans l’environnement. Une étude portant sur d’autres coronavirus suggère que ces derniers peuvent rester infectieux pendant plusieurs jours si la température et l’humidité sont adéquates. Étant donné que nous ne savons même pas si le virus détecté était infectieux ou non, nous ne pouvons déterminer s’il s’est répliqué chez ce chien ou pas.

En revanche, nous savons que le SARS-CoV-2 peut se transmettre par gouttelettes. Il est donc possible que les chiens agissent comme des « fomites », terme désignant des matières ou des objets contaminés par un microorganisme pathogène qui jouent un rôle dans la propagation d’une maladie. En d’autre termes, les chiens pourraient transporter les virus, comme le ferait un tissu sale en l’absence de mesures d’hygiène appropriées.

Qui tu traites de « fomite » ? Galina Kovalenko/Shutterstock 

Le SRAS-CoV-2 est actuellement sous le feu des projecteurs. Il existe cependant de nombreux types de coronavirus différents, et le fait que certains d’entre eux infectent les chiens n’est pas une découverte. Le premier coronavirus signalé chez le chien remonte à 1974. Plus récemment, en 2003, un nouveau coronavirus canin causant des maladies respiratoires a été identifié chez des chiens vivant dans un refuge pour animaux au Royaume-Uni. Ce virus a depuis été signalé dans le monde entier.

Bien que les coronavirus canins soient distincts du SRAS-CoV-2, les chiens sont clairement sensibles à cette famille de virus. On ne connaissait néanmoins jusqu’ici aucun cas de coronavirus humains infectant les chiens, et vice versa. Pour qu’un virus saute d’une espèce à l’autre, il doit en effet surmonter plusieurs obstacles.

La principale barrière qui empêche un virus d’infecter un nouveau type d’animal est la surface de la cellule hôte. Pour infecter les cellules canines, le SRAS-CoV-2 doit pouvoir se lier (s’attacher) aux récepteurs canins. Les recherches qui ont été menées avec diligence sur le SRAS-CoV-2 ont révélé qu’il utilise les protéines ACE2 et TMPRSS2 pour pénétrer dans les cellules. Les chiens possèdent ces deux protéines, mais elles ne sont pas identiques aux versions humaines, donc le virus pourrait ne pas être en mesure de les utiliser aussi efficacement.

Si nous supposons que le virus peut se lier aux cellules canines, y entrer et s’y répliquer (ce qui reste un grand « si »), les propriétaires de chiens peuvent raisonnablement s’inquiéter de savoir si leur chien tombera malade après l’infection. Il est rassurant de constater que le loulou de Poméranie au centre de cette attention médiatique n’a montré aucun signe de maladie. Bien qu’il s’agisse d’une étude de cas unique, il n’y a aucune raison de croire que le virus humain devrait provoquer une maladie chez les chiens.

Les chiens pourraient-ils transmettre le SRAS-CoV-2 aux humains ?

Pour que le chien transmette la maladie, le coronavirus doit se répliquer dans ses cellules à des niveaux suffisamment élevés pour être libéré hors de son organisme. Les résultats rapportés indiquent que seuls de faibles niveaux de virus ont pu être détectés chez le loulou de Poméranie concerné. Mais quelle quantité minimale de virus est nécessaire pour infecter une personne ? Une fois de plus, nous ignorons, pour l’instant, la réponse à cette question.

Nous savons cependant que si, pour un certain nombre de virus, la transmission d’homme à chien est théoriquement possible, la transmission d’homme à homme est bien plus efficace. Nous avons montré, comme d’autres chercheurs, que les chiens peuvent être sensibles aux norovirus humains, cause majeure de vomissements et de diarrhée dans le monde entier. Pourtant, bien que ces virus infectent chaque année des millions de personnes, un seul cas indiscutable de transmission d’homme à chien a été signalé. Le séquençage complet du génome viral a été déterminant pour mettre en évidence ce cas particulier, et sera également nécessaire pour établir de manière ferme et définitive le rôle joué par les chiens dans l’actuelle épidémie de SRAS-CoV-2.

Même dans le pire des scénarios, celui où le coronavirus serait capable de se répliquer chez les chiens à des niveaux non négligeables, on peut supposer sans grand risque que vous êtes beaucoup plus susceptible d’être infecté par votre voisin que par votre chien. Il est toutefois essentiel de mettre en œuvre de bonnes pratiques d’hygiène à proximité de tout animal de compagnie. De cette manière, ils ne transporteront pas le coronavirus par inadvertance sure leur pelage, ce qui évitera qu’ils ne le transmettent d’une personne à l’autre. Veuillez donc tousser dans votre coude, pas sur votre chien.The Conversation

Sarah L Caddy, Clinical Research Fellow in Viral Immunology and Veterinary Surgeon, University of Cambridge

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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