Une espèce de loup a été filmée hier lundi en Charente, à la lisière de la Dordogne. Les experts sont catégoriques : il s’agit bien d’un loup gris, le Canis lupus lupus ! Ce loup est en train de prospecter un territoire où se fixer et créer une meute.
C’est après avoir déposé son fils chez sa nounou hier lundi 20 janvier 2020 qu’une jeune maman a aperçu une drôle de bête plus grosse qu’un chien, sur le village de Gurat en Charente, à moins de 5 kilomètres de la Dordogne. Au premier regard, elle a été impressionnée par l’animal. Un loup ? Pour en avoir le cœur net, elle a photographié et filmé la bête avec son téléphone. Une vidéo qui a été transmise à l’Observatoire français de la biodiversité (voir vidéo ci-dessous). Le verdict n’a pas tardé à tomber en ce mardi 21 janvier : il s’agit bien d’un loup.
C’est Antoine Nochy spécialiste du loup, reconnu internationalement qui, interrogé par Charente Libre, a identifié le loup. Contacté par Curieux.live ce mardi après-midi, l’expert, en charge d’une expérimentation de détection du loup menée par la Région Nouvelle-Aquitaine explique : « Sa silhouette, ses petites oreilles, le masque blanc mais aussi une avant-main costaude, tout comme son cou et ses épaules,… il a tout du loup. » Celui qui est pisteur à ses heures observe : « il ne fait pas attention à la personne devant qui il passe. Il n’en a rien faire… Cela est typique du loup. »
Un loup solitaire en attente d’une meute
L’Office français de la biodiversité (OFB) a rapidement procédé à l’authentification de l’espèce Canis lupus lupus (loup gris). Pour Jean-Yves Morellec de l’OFB en Charente, ce loup gris n’est pas là par hasard : « il recherche une zone favorable pour s’installer. Normalement, il préfère des territoires avec des ongulés sauvages (cerfs, chevreuils, etc.) mais il peut trouver un massif où tout lui est favorable ».
Il ajoute : « c’est un loup solitaire. Il va donc chercher à se fixer puis à créer une meute ». A l’heure actuelle, les experts ne savent pas s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. Présents sur le territoire où il a été observé, ces spécialistes tentent de trouver des poils dans les barbelés ou sur les arbres et des déjections.
Mais ce loup gris pourrait être déjà loin car il parcourt des distances importantes.
La Préfecture de la Charente qui a confirmé la présence du loup explique dans un communiqué de presse publié ce mardi : « Ce type d’observation fortuite et isolée de loup a souvent lieu à l’automne et en début d’hiver. Cette saison correspond en effet à une étape importante du cycle biologique de l’espèce qu’on appelle la dispersion. A cette période, les jeunes nés au printemps prennent pleinement leur place au sein du groupe, contraignant d’autres individus à quitter la meute pour chercher un nouveau territoire où s’établir. »
Des déplacements dits en « bonds » qui expliquent que l’installation de loup peut laisser des territoires vierges de loup entre deux occupations de meutes.
Les difficultés de l’identification du loup
La détection du loup est souvent objet de fantasmes, de confusions (avec des chiens sauvages) ou de fake news. Comme nous l’expliquions en juillet 2019 dans « Le loup est-il arrivé en Nouvelle-Aquitaine » : « à l’heure actuelle, seules les observations visuelles (rares tant l’animal est discret) la découverte d’empreintes de pas, de carcasses d’animaux sauvages, et la collecte de « matériel biologique » (sang, poils, excréments), destiné à analyses génétiques confiées par l’ONCFS au laboratoire français Antagène (Lyon)*, constituent des indices permettant d’attester de la présence régulière ou permanente du loup. »
Alexandre Marsat