En 2019, une soixantaine de tortues luth ont été retrouvées mortes, échouées sur les plages de la façade Atlantique, essentiellement depuis les Landes jusqu’à la Vendée. Pourquoi cette grande migratrice s’échoue-t-elle sur nos côtes ? Réponses avec les experts de l’Aquarium de La Rochelle.
En 2019, une soixantaine de tortues luth ont été signalées ou retrouvées mortes sur le littoral atlantique confirme la responsable du Centre d’Etudes et de Soins pour les Tortues Marines** de l’Aquarium de La Rochelle, sur la brèche depuis début novembre 2019.
70% de ces échouages concernent les côtes charentaises, girondines et landaises. Si le phénomène n’est pas nouveau, son ampleur inquiète : « Il n’y en a jamais eu autant depuis 1995 », soupire Florence dell’Amico. Cette année-là, 61 tortues luth avaient retrouvées mortes, dont 33 sur nos côtes. Ces échouages se sont également produits très tôt dans la saison. « En 2018, la majorité des échouages avaient eu lieu au mois de janvier ».
Il faudra donc attendre pour connaître le bilan exact de 2019 et les causes possibles de leurs décès.
Quatre échouages de tortues luth ont déjà été signalés sur la façade Atlantique depuis le 1er janvier 2020, et . Source : CESTM, 2019
Des causes encore difficiles à déterminer
Le bilan exact n’étant pas encore publié, il faudra attendre encore un peu pour connaître les causes exactes de leur décès. En 2018, 57% des tortues luth autopsiées par les biologistes du centre présentaient des déchets en tous genres dans leurs tubes digestifs, « sans que l’on puisse conclure pour autant à une relation de cause à effet ». Par ailleurs, il n’est pas toujours possible de pratiquer une autopsie en raison de l’état de décomposition avancée du corps.
En revanche, l’une des tortues luth examinée par Florence dell’Amico en novembre dernier est bel et bien morte suite à une ingestion de plastique. « Son estomac contenait deux feuilles de plastiques de grande dimension qui sont sans doute à l’origine de sa mort, par occlusion ».
C’est d’autant plus consternant que ces superbes créatures marines connaissent un déclin continuel de leurs populations dans toute leur aire de répartition. Inscrites sur la liste rouge de l’UICN, les tortues luth « font aussi partie des indicateurs de la bonne santé de l’océan ». Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne va très fort en ce moment…
Alexandrine Civard-Racinais
Photo d’ouverture : RNN Banc d’Arguin / RTMAE / Aquarium La Rochelle
Photo de couverture : U.S. Fish and Wildlife Service Southeast Region
**Le Centre d’Etudes et de soins pour les tortues marines de l’Aquarium La Rochelle recueille toutes les tortues marines échouées, capturées accidentellement en mer ou observées à la dérive depuis les côtes espagnoles jusqu’à la côte d’Opale, avec l’aide du Réseau tortues marines Atlantique-est qu’il coordonne et anime. Toute découverte de tortue échouée sur la plage, vivante ou morte, doit lui être rapporté. Tel. 05 46 34 00 00
La plus grande des tortues marines
Facilement reconnaissable, la tortue luth est la seule tortue marine à être dépourvue d’écailles et de griffes. Sa pseudo-carapace ressemble à du cuir. C’est la plus grande et la plus grosse de toutes les tortues marines. A l’âge adulte, elle peut mesurer jusqu’à 2 mètres de long (d’un bout à l’autre de sa carapace) et peser jusqu’à 900 kilos. La présence dans nos eaux de cette géante des mers n’a rien d’inhabituel. Son métabolisme lui permet en effet de supporter les eaux froides et de passer d’un océan à l’autre lors de ses migrations.
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