Diversité des végétaux proposés, étalement des floraisons et… zéro pesticides. Voici le cocktail gagnant et non polluant pour attirer en son logis, abeilles et autres insectes pollinisateurs dont notre alimentation dépend.
Comme des dizaines de milliers d’autres espèces animales, les abeilles et les autres insectes pollinisateurs connaissent un déclin alarmant. Plus de 40 % d’entre elles sont en effet menacées. En 2016, le premier rapport de l’IPBES, le « GIEC de la Biodiversité », tirait déjà la sonnette d’alarme.
Utilisation massive de néonicotinoïdes et d’intrants chimiques, raréfaction de leurs habitats, prédation par le frelon asiatique (espèce exotique envahissante) maladies, parasites… les raisons de cette hécatombe sont multiples. Mais il n’est peut-être pas trop tard pour y remédier. Et chacun peut, à l’image du colibri qui fait d’ailleurs lui aussi partie des pollinisateurs…, faire sa petite part…
« 84 % des cultures européennes destinées à l’alimentation dépendent des insectes pollinisateurs »
Des plantes mellifères tu planteras…
« Il est important d’avoir à l’esprit que tous ces insectes dépendent de végétaux. Si l’on veut faire revenir ou conserver une grande diversité d’insectes, il faut favoriser une grande diversité de plantes » souligne Pascal Letheux, fondateur de l’association Achillée & Ciboulette qui accompagne, entre autres, des projets de jardinage naturel. Diversité florale rime en effet avec diversité animale.
De nombreuses plantes nectarifères et pollinifères se révèlent particulièrement attractives pour les abeilles. Selon que l’on dispose de quelques mètres carrés de terrasse ou d’un grand jardin, on cultivera donc des aromatiques en pots (thym, romarin, basilic, ciboulette, origan, lavande) ; l’on plantera des arbres fruitiers comme l’abricotier ou le cerisier griottier. Bon pour les abeilles et tous les gourmands. Ou encore un beau tilleul : impressionnant au mois de juin lorsqu’il vrombit littéralement.
Les herbes folles tu accepteras…
De leur côté, les adeptes du potager auront à cœur de cultiver des artichauts ou de faire alliance avec la phacélie. Cette plante nectarifère et pollinifère fait partie des « engrais verts » utiles au jardin. Grâce à son fort développement, la phacélie est en outre très dissuasive vis-à-vis des plantes adventices limitant ainsi le désherbage et l’utilisation des pesticides chimiques, à bannir de toute urgence pour préserver les insectes pollinisateurs et les autres.
Dans les allées du jardin, dans la cour de son immeuble, on évitera aussi de faire la guerre aux pissenlits ou aux trèfles, très appréciés des butineurs. « Il faut en finir avec cette vision hygiéniste de la nature qui consiste à tailler court la moindre herbe qui pousse », soupire Pascal Letheux. Laissons donc un bout de jardin en friche, fichons la paix aux « mauvaises herbes », nos amis les pollinisateurs nous en serons éternellement reconnaissants.
Alexandrine Civard-Racinais
Précieux pollinisateurs
22 000 espèces d’animaux, parmi lesquelles une immense majorité d’insectes, contribuent à la pollinisation des espèces de plantes à fleurs. Si les abeilles domestiques et sauvages contribuent à la pollinisation de 80 % de ces dernières, il serait injuste de passer sous silence le service gracieux rendu par les guêpes, les bourdons, les mouches (en particulier les mouches syrphes), les papillons et même… les charançons.
Un plan régional et un site internet en faveur des pollinisateurs
Première région agricole de France, la Région Nouvelle Aquitaine est très dépendante des pollinisateurs. A titre d’exemple, si la tendance au déclin des pollinisateurs se poursuivait, Le lot-et-Garonne, premier producteur national de prunes, fraises ou noisettes, pourrait ainsi voir sa production fruitière chuter de 20%. C’est la raison pour laquelle, la région s’est dotée en juin 2017 d’un plan régional en faveur des pollinisateurs mis en place. Un site internet vient également d’être lancé pour « Agir pour les pollinisateurs en Nouvelle Aquitaine ».
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.