Une étude menée par l’INRAE et l’IRDL met en lumière pour la première fois la présence quasi systématique de microplastiques dans le sols métropolitains. La lutte contre ce fléau nous concerne tous

Tous pollués ou presque ! A l’instar des océans, nos sols n’échappent pas à la pollution par les microplastiques. Ces particules d’une taille inférieure à cinq millimètres ont été retrouvés dans 76 % des échantillons de sols analysés dans le cadre du projet MICROSOF*, par des scientifiques de l’INRAE et de l’IRDL. Des échantillons prélevés sur des sites aussi divers que des forêts, des prairies, des vignes et vergers ou des zones de grandes cultures, répartis sur tout le territoire de l’Hexagone.

En moyenne, les échantillons analysés dans le cadre du projet MICROSOF, présentaient 15 particules de microplastiques par kilogramme de sol sec. Ce, alors même que les sols échantillonnés n’avaient pas reçu d’apport direct de plastiques par le biais de boues ou de paillage. « Les résultats et les enquêtes de terrain n’ont pas permis d’identifier clairement les sources de pollution » notent les auteurs de cette recherche, qui a néanmoins le mérite d’être la première à caractériser l’ampleur de cette contamination à l’échelle de la métropole française. 

Des microplastiques ont été retrouvés dans tous les échantillons de prairies. Et les échantillons de sols de prairies étaient globalement plus contaminés que les autres échantillons de sols. PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

Des sources de contamination multiples

En l’état des connaissances scientifiques sur le sujet, on sait que la présence de micro et nanoparticules de plastiques dans les sols peut être dû au transport de ces particules par voie atmosphérique et ruissellement de l’eau. L’épandage de boues issues des stations d’épuration, l’utilisation de paillage plastique, l’irrigation avec des eaux usées sont aussi en cause. 

Même les composts industriels sortis des usines de tri mécano-biologique (TMB) peuvent contenir des microplastiques, comme le révèle une étude récente de l’ADEME portant sur les « Microplastiques présents dans les produits résiduaires organiques ». Là encore, « Sur 167 échantillons, 166 comprenaient des microplastiques » indique t-elle dans son communiqué. Parmi les 21 familles de matières organiques fertilisantes analysées, « les matières issues de déchets traités par TMB sont les plus contaminées ».

« Ne pas mettre du plastique au milieu des biodéchets »

Sans surprise on y retrouve de minuscules fragments contenant essentiellement du polystyrène, du polyéthylène et du polypropylène. « Derrière ces mots savants, on retrouve des plastiques qui sont essentiellement issus d’emballages », soulignait récemment Roland Marion, directeur économie circulaire de l’ADEME sur France Info. Rappelant que « La préservation de la qualité des sols est un enjeu majeur ». L’Agence pour la transition écologique insiste sur la nécessité de « réduire les quantités de plastiques et d’améliorer le tri à la source ». Pouvoirs publics, industriels, consommateurs, nous sommes tous concernés ! « Il faut que l’on fasse attention à ne pas mettre du plastique au milieu des biodéchets », plaide Roland Marion. Et limiter le plus possible l’usage du plastique en recourant au vrac, au fait maison, etc. Il en va de la santé des sols et donc de la nôtre.

Alexandrine Civard-Racinais

* Etude réalisée par UBS-IRDL, INRAE, projet cofinancé par l’ADEME.

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