Sur son cycle de vie complet, la voiture électrique a un impact carbone moindre qu’une voiture thermique similaire. En revanche, l’extraction des métaux entrant dans la composition de sa batterie et la fabrication de celle-ci sont loin d’être vertueuses. Des pistes d’amélioration individuelles et collectives existent toutefois. Le point avec Curieux

La voiture électrique est-elle plus écologique, autrement dit plus vertueuse sur le plan climatique et environnemental, que la voiture thermique ? Il est difficile de répondre à cette question dans l’absolu, car cela dépend notamment du poids de la batterie embarquée dans ledit véhicule. Par ailleurs, il importe de considérer l’ensemble du cycle de vie de la voiture électrique, depuis la production des éléments qui le composent jusqu’à sa fin de vie, en passant par son usage.

Une dette carbone avant sa mise sur le marché

La batterie est un composant dont le poids, et l’impact carbone augmentent avec sa capacité de stockage. Autrement dit, plus la capacité de stockage de la batterie est grande, plus elle sera lourde et plus l’impact carbone lié à sa production sera élevé. Avant même d’avoir commencé à rouler, une voiture électrique présente donc une « dette carbone » par rapport à son homologue thermique. « Dans un facteur de 2 à 3 » précise l’Adème dans son Avis sur les voitures électriques et bornes de recharge publié en octobre 2022.

Une part non négligeable des émissions liées à la fabrication des batteries (métaux, cathodes, cellules…) est liée au fait que la chaine d’approvisionnement est actuellement contrôlée par la Chine. Mais la donne peut évoluer si l’Europe se mobilise sur ces sujets. Selon une analyse récente publiée par l’ONG Transport & Environnement (T&E), relocaliser la chaîne de production des batteries en Europe permettrait de réduire de 37% ces émissions.

Un impact carbone inférieur sur l’ensemble de son cycle de vie

Si la fabrication d’un véhicule électrique présente un impact* carbone supérieur à celui d’un véhicule thermique similaire, son usage se révèle en revanche moins impactant, du moins en France. L’utilisation d’une électricité bas carbone, nucléaire ou renouvelable, pour recharger la batterie d’une voiture électrique est plus vertueuse pour le climat que l’utilisation de carburants fossiles. « Au fil des kilomètres, cet avantage permet d’abord de rembourser la dette carbone initiale comparée à son équivalent thermique, puis de réduire fortement les quantités de gaz à effet de serre générées par la conduite du véhicule » indique l’Adème dans son Avis 2022.

Sur l’ensemble de sa durée de vie, « une voiture électrique roulant en France, a un impact carbone 2 à 3 fois inférieur à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité  raisonnable (< 60 kWh). Avec une batterie de taille supérieure, l’intérêt environnemental n’est pas garanti ». Aussi l’Adème recommande-t-elle aux particuliers d’opter pour un modèle de voiture, le plus petit et léger possible, doté d’une batterie < 60 kWh. 

Recyler et réutiliser les batteries : un enjeu crucial

Arrivée en « fin de vie mobilité », cette batterie sera traitée dans la filière industrielle de recyclage « piles et accumulateurs »**. Le recyclage, à l’échelle européenne, des métaux des batteries des voitures électriques est un enjeu important car il permet de diminuer la dépendance aux importations et les émissions carbone associées. 

A terme, la récupération des matériaux des batteries permettra aussi de réduire le besoin d’extraction de matières premières, en hausse constante. Un nouveau rapport de Transport & Environnement, publié en décembre 2024, montre que le recyclage des métaux en Europe pourrait éviter la construction de 12 nouvelles mines dans le monde d’ici à 2040 : quatre de lithium, trois de nickel, quatre de cobalt et une de manganèse. Et limiter les dégâts de ces activités extractives sur l’environnement, l’eau, le sol et la biodiversité. Car aucune technologie n’est neutre sur le plan environnemental. Et la voiture 100% écologique n’existe pas.

Alexandrine Civard-Racinais

* « Impact carbone » est le terme retenu par l’Adème dans son Avis.  ** Directive Européenne 2006/66/CE en cours de révision. 

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