L’ONG Bloom a récemment alerté sur la présence de mercure dans les boites de thon en conserve. Comment cet élément, se retrouve-t-il dans la chair de ces poissons. On vous explique…
Le mercure est un élément naturellement présent dans la croûte terrestre. Les éruptions volcaniques, ou les feux de forêt sont autant de causes naturelles de sa libération dans l’atmosphère. Le mercure se diffuse aussi dans notre environnement du fait des activités humaines. Selon l’OMS, ces dernières constituent aujourd’hui « la cause principale des rejets de mercure qui provient notamment des centrales électriques au charbon, de l’utilisation domestique de charbon pour le chauffage et la cuisine, des processus industriels, des incinérateurs de déchets et de l’extraction minière du mercure, de l’or et d’autres métaux ».
En 2018, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a ainsi chiffré à 2 500 tonnes le volume mondial d’émissions de mercure d’origine humaine dans l’atmosphère.
L’océan « respire » et reçoit le mercure issu des activités humaines
Ces grandes quantités de mercure présentes dans l’environnement circulent pendant des milliers d’années et sur de longues distances. Elles sont transportées par voie atmosphérique et fluviale jusqu’à l’Océan mondial. Une étude récente, menée par une équipe internationale impliquant des scientifiques du laboratoire Géosciences environnement à Toulouse et de l’Institut méditerranéen d’océanologie à Marseille, a permis de préciser la part respective de ces apports.
Cette étude, publiée le 29 septembre 2021 dans la revue Nature, souligne que la pollution au mercure de l’Océan mondial s’effectue pour moitié par échanges gazeux, un peu comme si l’océan le « respirait ». L’autre partie arrive par voie fluviale, après que les sols aient été lessivés par les pluies.
Une bioamplification tout au long de la chaîne alimentaire
Une fois dans l’environnement marin, le mercure est transformé en méthylmercure. « La méthylation du mercure est effective dans les sédiments sous l’action des microorganismes et, dans la colonne d’eau, en présence de phytoplancton », expliquent Marc Bouchoucha et ses co-auteurs dans leur bilan de la surveillance de la contamination chimique opérée par l’Ifremer le long des côtes méditerranéennes.
En s’alimentant de plantes et d’autres organismes contenant du méthylmercure, les petits poissons accumulent cette substance dans leurs tissus musculaires. Par la suite, le méthylmercure est bioamplifié tout au long de la chaine alimentaire. C’est pourquoi les poissons prédateurs affichent une plus grande concentration de méthylmercure dans leurs tissus musculaires que leurs proies. Le thon est l’un des exemples de ces poissons situés au sommet de la chaîne alimentaire dont la chair contient des concentrations élevées de méthylmercure, néfaste pour la santé des consommateurs. CQFD.
Alexandrine Civard-Racinais
A lire pour prolonger cet article :