Plusieurs études montrent une corrélation entre la paternité tardive et l’augmentation du risque d’accouchement prématuré, de fausses couches ou encore de maladies génétiques chez l’enfant. Néanmoins, ces phénomènes restent rares, et la très grande majorité des enfants conçus par un homme âgé n’auront aucun souci de santé       

Allongement de l’espérance de vie, mariages tardifs…  L’âge auquel les hommes deviennent pères a peu à peu reculé ces dernières décennies. A titre d’exemple, en 1993, les 3 quarts des bébés nés en Angleterre et au Pays de Galles étaient conçus par des pères âgés de moins de 35 ans. Mais voilà, 10 ans plus tard, ce taux était tombé à 60 %.                 

Mutations génétiques

Néanmoins, le fait de devenir père à un âge très avancé reste un phénomène rare, indique Luc Multigner, directeur de recherche émérite à l’Inserm: « d’après les données collectées aux Etats-Unis sur la période 2021-2022, les pères de plus de 50 ans représentent 1 % des naissances et pour ceux qui sont âgés de plus de 60 ans, c’est une naissance sur 1000 ». Le cas de l’acteur Robert De Niro, devenu à nouveau père en 2023 à l’âge 79 ans, reste donc une exception.   

Mais cette paternité tardive a-t-elle un impact sur la santé des nouveau-nés ? D’après les études publiées sur le sujet, à partir de l’entrée dans la trentaine, le vieillissement des hommes affecte la fonction testiculaire, les hormones reproductives ainsi que la qualité du sperme. Et une analyse génétique menée en Islande en 2012 avait révélé qu’un homme de 36 ans transmettra en moyenne deux fois plus de mutations génétiques à son enfant qu’un homme de 20 ans. Un père de 70 ans serait quant à lui susceptible d’en transmettre 8 fois plus.

« Cela s’explique principalement par le fait qu’à partir d’un âge optimum, que l’on peut situer aux alentours de 20 à 30 ans, on va commencer à observer un processus de vieillissement des spermatozoïdes. Des altérations chromosomiques commencent à se produire dans ces cellules reproductrices, et peuvent favoriser la survenue de maladies génétiques chez l’enfant comme la trisomie 21, ou encore augmenter le risque d’accouchement prématuré ou de fausses couches », souligne Luc Multigner.

Un risque faible

Une méta-analyse publiée en 2015 par une équipe de chercheurs américains et saoudiens, pointe aussi un risque d’augmentation de l’incidence de différents troubles comme l’autisme, la schizophrénie, et les troubles bipolaires chez les enfants conçus par un géniteur âgé.

Mais pour Luc Multigner, il est difficile de tirer des conclusions définitives à partir de ces études épidémiologiques : « ce sont des observations qui devront être confirmées, car ces troubles ne sont pas uniquement déterminés par la génétique. Il est nécessaire de prendre aussi en compte l’environnement familial, et son impact sur le développement de l’enfant. Finalement, ces études soulèvent davantage de questions qu’elles n’apportent de réponses ».

Mais en attendant d’avoir des éclairages plus précis sur le sujet, faut-il déconseiller aux hommes âgés de faire des enfants ? « La probabilité d’avoir des évènements néfastes sur la santé du bébé n’est pas assez prononcée pour que cela se traduise par des recommandations de santé publique indiquant qu’il serait déconseillé de devenir père à partir d’un certain âge.

Même si cette probabilité augmente légèrement au fil des ans, la très grande majorité des enfants nés d’un père âgé seront en parfaite santé », souligne Luc Multigner.

Thomas Allard

Avec le soutien du ministère de la culture

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