Les fourmis seraient noyées dans la masse informe du collectif, vouées au travail. Autant d’idées reçues battues en brèche par les découvertes scientifiques de ces dernières années

1- Les fourmis n’ont aucune personnalité ! FAUX

Contrairement à une représentation tenace, les fourmis effectuant un même type de tâche n’agissent pas toutes de la même manière. Confrontées à un environnement nouveau, certaines manifestent un comportement très exploratoire et se montrent téméraires, d’autres adoptent un comportement plus timoré.

Il existe donc des fourmis exploratrices, téméraires ou peureuses à l’échelle individuelle… mais que se passe-t-il lorsqu’elles sont en groupes. Est-ce que ces fourmis changent de traits de personnalité ? Autrement dit, est-ce qu’une fourmi exploratrice le sera moins en face à une fourmi tout aussi exploratrice qu’elle pour mieux diviser le travail ? A l’inverse, est-ce qu’une fourmi un peu timorée, deviendra plus téméraire si elle est entourée de fourmis peureuses ? Une étude française parue en janvier 2024 dans la revue britannique Biology Letters apporte un début de réponse.

2- Les individus obéissent au groupe ! FAUX

Les chercheurs du laboratoire d’éthologie expérimentale et comparée de l’Université Sorbonne Paris Nord ont d’abord identifié les traits de personnalité de centaines d’ouvrières de l’espèce Aphaenogaster senilis. Ils ont ensuite créé des groupes d’ouvrières ayant un type de comportement similaire : soit des ouvrières très exploratrices, soit des ouvrières peu exploratrices. Avant de proposer différents types de tâches à ces groupes homogènes. 

Dans ces conditions expérimentales, les résultats obtenus montrent que la fourmi conserve sa propre personnalité lorsqu’elle se retrouve au sein d’un groupe. Plus étonnant encore, la personnalité individuelle des fourmis conditionne celle de leur groupe. « Nous montrons que, par rapport aux groupes d’ouvrières peu exploratrices, les groupes d’ouvrières très exploratrices sont plus agressives envers les intrus, plus efficaces dans la collecte des proies, plus rapides dans le déplacement du nid et plus susceptibles d’utiliser des outils. » 

Aphaenogaster senilis est présente en Espagne et dans le sud de la France. PHOTO Paul Devienne.

3- Les ouvrières ne font que travailler ! FAUX

Il existe aussi des fourmis… « paresseuses ». Bien plus représentatives qu’on ne le croit. L’idée reçue la plus tenace concernant les fourmis porte sur leur prétendue ardeur au travail. La biologiste Cléo Bertelsmeier (UNIL) était revenue  sur ce mythe dans l’émission « Le temps d’être curieux », diffusée sur France Inter le 3 juin 2020 «  En marquant individuellement les fourmis, on a découvert qu’un tiers, voire la moitié des ouvrières d’une colonie, ne font absolument rien ! ». Y compris lorsque les chercheurs tentent, expérimentalement, de les forcer à se mettre au travail. En revanche aucune explication à ce phénomène, mis en évidence en 2015, ne fait encore consensus.

Alexandrine Civard-Racinais

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