C’est la saison où l’on se dit que ce mur là, on le verrait bien couleur taupe… Chacun ses goûts mais il vaudra mieux se passer de la bonne odeur de peinture fraîche qui faisait le bonheur des chantiers… Petit guide pour peindre plus sain

Il faut d’abord savoir qu’une peinture se compose de trois éléments : le liant, le solvant et le pigment. Le liant, c’est le principal composant de la peinture. C’est lui qui permet aux autres éléments de fusionner et de tenir au support. Une fois sec, il durcit et donne sa résistance à la peinture. Ce n’est pas l’élément le plus méchant.
Le solvant, lui, sert à contrecarrer l’action du liant en maintenant la peinture liquide dans le pot. Il doit être volatil et s’évaporer pour permettre à la peinture de durcir. Ce peut être un dissolvant (white-spirit, térébenthine…) ou un diluant (de l’eau, le plus souvent).
Puis, vient le pigment qui donne sa couleur au produit : ce sont des particules solides très fines.

A partir de là, on peut sortir les pinceaux… et se creuser la tête pour éviter de polluer. D’abord savoir que comme la route de l’enfer est pavée de bonnes intentions, on ne s’en sortira pas forcément mieux avec une peinture « bio ». Le terme est réservé aux produits agricoles. Sur une peinture… c’est, au mieux, un abus de langage.

Trop de COV pour être honnête

Et ce n’est pas parce qu’une peinture est classée A+ en matière d’émissions dans l’air que vous êtes tranquille. Cette note apparemment optimale signifie que la peinture émet moins de 1000 µg /m3 (microgrammes par mètre cube) de Composés organiques volatils (COV) au bout de 28 jours d’application. D’abord, il est rare qu’on ne revienne dans une pièce que 28 jours après l’avoir peinte.

Au bout de trois jours, certaines peintures émettent encore 5 500 µg alors que le niveau d’inconfort est d’environ 3 000 µg. Et, depuis la mise en place de ce classement, les associations de consommateur se battent pour que ce seuil des 1 000 µg soit abaissé car il serait trop élevé.

Enfin, il faut se méfier des peintures dites « monocouches ». Très souvent, il s’avère qu’une couche reste insuffisante (non, ce n’est pas vous qui ne savez pas peindre !) et qu’il faut doubler la dose. Et donc doubler le taux de COV émis dans l’air.

On peut ensuite choisir ses éléments. Le liant tout d’abord. Dans les peintures classiques, le liant est généralement une résine issue de la pétrochimie. Pas forcément toxique au premier abord mais polluant à la fabrication et au recyclage. Il vaut mieux choisir une peinture dont le liant est une résine naturelle d’arbre, une huile végétale (lin le plus souvent mais aussi ricin ou romarin) ou le classique composé minéral (chaux ou argile). Là, on parle de peinture naturelle.

L’ennemi, c’est le solvant

Mais ce sont les solvants qui rentent la principale source de ces COV. Là, on a le choix entre « à l’huile » ou « à l’eau ». Pour les « à l’huile » (celles avec lesquelles on nettoie les peintures au white-spirit), le solvant est issu du pétrole aussi. Ou alors ce peut être un alcool (éthylène) ou de l’acétone. Il vaut mieux alors choisir une peinture « à l’eau » même si là aussi… tout n’est pas rose.

Il reste tout de même des co-solvants (alcools ou éthers de glycol), ces derniers étant par exemple soupçonnés de diminuer la fertilité. Même naturel comme les terpènes ou les limonènes, aucun solvant n’est totalement inoffensif. En règle générale aussi, les peintures mates émettent moins de COV que les « velours » ou « satin ».

Pigments en métaux lourds

Restent les pigments. Un truc à savoir : plus la couleur est vive, plus le pigment contient des métaux lourds. Même le blanc contient du plomb. Évidemment il y a des exceptions mais il faudra mettre en veilleuse le jaune flashy (cadmium), le vert frais (chrome) ou ce bleu profond… au cobalt. Moins nocifs, ceux réalisés avec d’autres métaux (oxydes de fer, de nickel, de titane…) restent sources de pollution pour leur fabrication. On peut alors se contenter de couleur moins vives avec des pigments minéraux (terres de Sienne, oxydes de fer, de manganèse, de titane…) ou végétaux. Et penser toujours à bien aérer.

Jean Luc Eluard

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