Plus d’un élève par classe est concerné en moyenne, selon une enquête nationale réalisée en novembre 2023 et dont les résultats ont été révélés en février 2024. Comment faire face aux dérives des jeux dangereux et au harcèlement à l’école et… en dehors ? Le point
« Jeu du foulard », « rêve indien », « jeu de la virgule », « cap’ ou pas cap’ »… Sous ces noms amusants se cachent en réalité des « jeux dangereux » pratiqués dans les cours d’écoles, de collèges ou de lycées. Peuvent s’y ajouter différentes formes de harcèlement, autant de situations de violences pour les enfants scolarisés, que les enseignants et parents ont bien du mal à gérer, et qui conduisent parfois au pire.
En moyenne, plus d’un élève par classe est concerné, selon l’enquête nationale de novembre 2023 dont les résultats ont été révélés en février 2024. Fondée sur des questionnaires d’autoévaluation anonyme, cette grande enquête montre que 5 % des écoliers du CE2 au CM2, 6 % des collégiens et 4 % des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement. Pour aboutir à ces chiffres, le service statistique de l’éducation nationale a exploité un échantillon représentatif de 17 000 questionnaires soumis à un total de 7,5 millions d’élèves du CE2 à la terminale.
Une violence verbale, physique ou psychologique répétée
« C’est un véritable fléau qu’il nous faut absolument réguler », avait déclaré la ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, à la presse. C’est pourquoi, cette vaste enquête sera désormais menée chaque année sous la forme d’un « Baromètre annuel du harcèlement en milieu scolaire » destiné à suivre l’évolution de ce phénomène.
De quoi parle-t-on exactement ? Le harcèlement scolaire est défini comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique, émanant d’un élève ou d’un groupe d’élèves à l’encontre de l’un de leur camarade.
Mise en place d’un plan ministériel de lutte
Suite à une série de drames (suicides de Lindsay, Nicolas, Lucas et d’autres élèves avant eux), le gouvernement a dévoilé fin septembre 2023 un plan interministériel de lutte contre ce phénomène avec la mise en place de mesures : cours d’empathie, confiscation du portable dans les cas graves, exclusion des élèves harceleurs sur les réseaux sociaux. Mais la formation des enseignants à ce problème et les personnels dans les écoles manquent pour faire face à ces situations. Et il est parfois compliqué d’agir quand le harcèlement se déroule sur les réseaux sociaux, que seuls les protagonistes en sont informés…
Gare aux jeux d’attaque, de non-oxygénation, de défi
Tous les enfants sont-ils des victimes potentielles ? « Il n’y a pas de profil type, mais un mécanisme qui est toujours le même, celui du rejet de la différence. Mais on peut aussi être petit ou très gros, et ne pas être harcelé », expliquait Éric Debarbieux, directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école, dans un article de La Dépêche.
Le harcèlement peut aussi se produire lors des fameux jeux dangereux. Ceux-ci peuvent revêtir plusieurs formes, être physiques ou psychologiques, pratiqués dans l’enceinte de l’école ou en dehors : il y a les jeux d’attaque à l’instar du « Happy slapping », vidéo de lynchage, ou du catch ; les jeux de non-oxygénation tels le jeu du foulard ; ou de défi comme « cap’ ou pas cap’ » ou « action ou vérité ».
Privilégier le dialogue
Un enfant âgé de 10 à 17 ans sur dix en aurait déjà pratiqué un, et 36 % y ont déjà été exposés, selon un sondage YouGov datant de 2014, réalisé sur un échantillon de 1104 parents pour l’association SOS Benjamin*.
Là aussi, la prévention et le dialogue sont la seule arme. Les parents ont un rôle à jouer en discutant avec leur enfant dans une situation ordinaire, pour prévenir. Ils doivent être à l’écoute de leurs enfants et attentifs aux éventuels signaux qui pourraient révéler un harcèlement ou la pratique de ces jeux : tâches sur la peau, traces sur le torse, baisse des résultats scolaires, refus de l’école… D’après cette même enquête, 29 % des enfants exposés à ces jeux n’osent pas en parler à un adulte.
Florence Heimburger
*créée suite au décès de Benjamin Duwelz, retrouvé pendu dans les toilettes de son école par jeu de non-oxygénation.
Avec le soutien du ministère de la culture