Née dans les années 1970, la programmation neurolinguistique, ou PNL, prétend améliorer les performances et les techniques de communication dans de vastes champs d’application de notre vie personnelle et professionnelle. Mais cette technique controversée ne repose sur aucune base scientifique, et semble être bien plus lucrative qu’efficace 

Coaching, management, formations, entrainement sportif… depuis leur invention dans les années 1970, les techniques de programmation neurolinguistiques (PNL) se sont immiscées dans un grand nombre de domaines.

Il faut dire que les promoteurs de cette pseudo-science, censée s’appuyer sur un certains nombre de connaissances en psychologie, en sciences humaines et en sciences de la communication, assurent qu’elle apporterait un grand nombre de bénéfices et de pouvoir à ceux qui la maitriseraient.

« Optimiser ses performances »

Il s’agirait par exemple « d’optimiser les méthodes de pensée pour une efficacité accrue », d’améliorer les « compétences de communication pour des relations harmonieuses », ou encore « d’associer des émotions positives à des stimuli spécifiques pour renforcer la confiance et la motivation ».

En améliorant leurs techniques de communication et en « reprogrammant leur cerveau », les pratiquants de la PNL pourraient ainsi obtenir de meilleures performances dans le domaine de l’entreprise, au sein leur vie personnelle ou dans les compétitions sportives.

Selon l’émission « Les pouvoirs extraordinaires du corps humain », diffusée sur France 2, le nageur français Florent Manaudou aurait ainsi utilisé la PNL afin d’identifier avec précision l’état d’esprit dans lequel le champion réalise ses meilleures performances, afin qu’il puisse « s’y plonger sur commande, juste avant la course ».

Certains gourous de la drague font aussi l’éloge de la PNL, en prétendant qu’elle permettrait de multiplier les conquêtes.

Modéliser l’excellence humaine

Mais si la PNL est toujours en vogue en 2024, elle n’a pourtant rien de nouveau. C’est en 1973 que les américains Richard Bandler et John Grinder inventent cette technique censée pouvoir modéliser « l’excellence humaine ».

Ils décident alors d’observer les comportements adoptés par quelques thérapeutes de l’époque : les psychiatres Milton Erickson et Fritz Perls, et la psychothérapeute Virginia Satir, qu’ils considèrent comme étant des professionnels particulièrement brillants. Puis ils partent du postulat que ces individus particulièrement doués pour la communication usent, de manière plus ou moins consciente, de stratégies de comportement similaires.

En modélisant ces comportements afin de les rendre accessibles et intelligibles au plus grand nombre, il serait alors possible, pour chaque individu, d’accéder à son tour à l’excellence.

Aucune preuve d’efficacité

Mais voilà, derrière son apparence académique, cette discipline ne repose en réalité sur aucune base scientifique solide. Et les différentes études qui se sont intéressées aux techniques de PNL ne montrent pas de réelle preuve de son efficacité.

En 2012, des scientifiques britanniques ont analysé 10 études centrées sur l’utilisation de la PNL dans le cadre de traitement de troubles psychologiques comme l’anxiété, l’abus de substances ou encore la claustrophobie. Le résultat est sans appel : les auteurs concluent qu’il « existe peu de preuves que les interventions en PNL aient un effet ».

Deux ans plus tôt, en 2010, le psychologue polonais Tomasz Witkowski avait publié une méta-analyse dans laquelle il passait au crible 33 articles scientifiques mesurant l’efficacité de la PNL. Le résultat était là-aussi en défaveur de la technique inventée par Bandler et Grinder : plus de la moitié de études montraient que les principes de la PNL étaient inefficaces, un quart déclaraient obtenir des résultats incertains et ne pas pouvoir se prononcer, et seulement 18 % montraient des résultats soutenant les principes de la PNL. Mais ces quelques études favorables à la PNL étaient aussi celles dont les bases méthodologiques étaient les moins fiables.  

Plus récemment, une étude publiée en 2019 par des chercheurs britanniques concluait que, dans le domaine du coaching, l’efficacité de la PNL n’est pas démontrée par les expériences scientifiques.

Des postulats erronés

Il faut dire que certains postulats de base de la PNL reposent sur des connaissances erronées. Elle prétend par exemple qu’il serait possible de déterminer si une personne ment, simplement en observant la direction de son regard. Si les yeux d’un droitier se portent vers le haut à droite, alors il mentirait. Et s’ils s’orientent en haut à gauche, il dirait la vérité. Cependant, cette hypothèse a été notamment invalidée en 2012 par une étude menée par le psychologue britannique Richard Wiseman.

Mais voilà, malgré les nombreuses publications mettant en évidence les défaillances de la PNL, cette pseudoscience rencontre toujours un réel succès commercial dans les univers du développement personnel, du coaching et du management. Jusqu’à quand ?  

Thomas Allard

Avec le soutien du ministère de la culture

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