Situé en Nouvelle-Aquitaine, le refuge-sanctuaire du clos des Renardises accueille des renards victimes des activités humaines et de leur mauvaise réputation. Ces individus, promis à l’euthanasie faute de pouvoir être relâchés, ont désormais vocation à être des ambassadeurs de la cause vulpine.
« Un cadeau de Noël ! » C’est ainsi que Carine Gresse, capacitaire du refuge-sanctuaire pour les renards de Douzillac, présente Galak. A son arrivée, le jeune renard avait pourtant piètre allure. Trouvé au pied d’une déchetterie dans l’Hérault, le dos en vrac, les oreilles mâchouillées, une patte avant arrachée et l’autre en mauvais état, ce jeune renard a bien failli ne pas voir l’aube de l’an 2024. Pris en charge par un centre de soins, il a été amputé, soigné et envoyé à Douzillac pour y passer le reste de ses jours. Il est en effet impossible de le relâcher dans son environnement naturel, car « son dos reste fragile et il court à deux à l’heure », soupire Carine.
Galak, Candela, Lupin et les autres…
Galak est un trompe-la-mort, un rescapé. Il cache l’immense cohorte des 500 000 renards tués (1) chaque année par la chasse ou le piégeage. Victimes de leur inscription sur la liste des ESOD (2) qui les rend chassables en tous lieux, toute l’année et par tous les moyens, y compris les plus controversés. « Au vu de ses blessures, Galak a sans doute été victime d’un déterrage », suspecte Carine. Également appelée vénerie sous terre, cette pratique légale, dénoncée pour sa cruauté par les associations de protection animale, consiste à extirper mères et petits de leurs terriers avec chiens, pinces et autres objets contondants.
Outre Galak, cinq autres renards ont été recueillis par le refuge-sanctuaire de Douzillac, après avoir transité par des centres de soins. Victimes de collisions avec des voitures, Candela et Lupin ont gardé des séquelles neurologiques qui les rendent inaptes à la vie sauvage. Même punition pour Kitsune et Vitali, trop imprégnés par un contact prolongé avec les humains ou de Sacha, devenu malvoyant. Sauvés de l’euthanasie, ces six canidés ont désormais vocation à participer à la sensibilisation menée par l’association le Clos des Renardises, à laquelle s’adosse le refuge.
Sauver des individus pour sensibiliser à l’espèce
« Passer de l’espèce à l’individu » est l’une des originalités de la pédagogie déployée. « En racontant leur histoire nous espérons conscientiser et responsabiliser un large public ». Candela a été trouvée inanimée au bord d’une route et apportée a un centre de soins par un automobiliste. Aujourd’hui âgée d’un an, c’est elle qui prend soin des autres renards, apportant même de la nourriture à Lupin, totalement aveugle depuis sa collision avec un véhicule. « Aucun des renards placés ici n’est issu de la même fratrie, pourtant ils se respectent et nous donnent des leçons de savoir être et de savoir vivre ensemble », s’émerveille Carine Gresse.
L’empathie et la bienveillance dont témoigne Candela (en photo ci-contre) envers ses congénères arriveront-elles à contrecarrer la mauvaise réputation qui colle encore à la peau du goupil ? Carine l’espère… En attendant, le Clos des Renardises propose un service de médiation pour apprendre à vivre aux côtés de la gent vulpine. Car une cohabitation plus harmonieuse entre homme et renard est possible, et même souhaitable, au vu de l’importance du rôle écologique joué par ce mammifère carnivore et de sa place dans nôtre patrimoine culturel.
Alexandrine Civard-Racinais (texte et photos)
- Communication Colloque Renard, MNHN, mai 2017.
- La liste nationale des ESOD (2023-2026) comprend la Martre des pins, la Belette, la Fouine, le Renard roux, la Pie bavarde, le Geai des chênes, la Corneille noire, le Corbeau freux et l’Étourneau sansonnet. Statut sans fondement scientifique pour les experts réunis par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).
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