On a appris depuis l’école primaire à quoi sert le 29 février. Mais si l’on s’est habitué à le voir revenir tous les quatre ans, on sait moins comment on en est arrivé à ce petit arrangement avec le temps. Et ce qu’il signifie : que le calcul du temps est totalement arbitraire…

La durée de l’année est très précisément 365,2421904 jours, soit 365 jours 5 heures, 48 minutes et 45 secondes. Le tout est basé sur le temps que met la Terre pour faire le tour du Soleil. Compte tenu de son axe de rotation qui bouge légèrement sur le plan de l’écliptique (le tracé qu’elle suit autour du Soleil), l’année sidérale (la révolution complète autour du Soleil) est plus longue de 20 minutes par rapport au rythme des saisons.

Bien sûr, les saisons n’arrivent pas à la minute près et 20 minutes, c’est une moyenne qui décale tout de même les saisons d’une journée tous les 71 ans (et donc de 10 jours tous les 710 ans). Si l’on poursuit la logique, dans 7 100 ans, il n’y aura effectivement plus saison. Ce qui n’est rien si on décidait de ne plus ajouter ce jour surnuméraire : d’ici 400 ans, on fêterait Noël à la fin de l’été.

Du calendrier lunaire au calendrier julien

Mais revenons à notre 29 février qui est venu au jour en 46 avant notre ère, de la volonté de Jules César qui, en dictateur éclairé, s’était fait conseiller par l’astronome grec Sosigène. Pour être exact, c’est entre le 24 et le 25 février que cette journée additionnelle venait se greffer tous les quatre ans. Soit « le sixième jour avant les calendes de mars » ; en latin « diem sextum » pour le 6ème jour qu’on redoublait donc : bis sextum, d’où notre « bissextile ».

Car depuis l’époque du roi Numa de Rome (700 avant J.-C.), les Romains, comme la plupart des sociétés traditionnelles, suivaient un calendrier lunaire. Plus logique pour des sociétés anciennes où l’on se base sur l’observation parce que les phases de la lune sont facilement observables. Mais les bougres étaient superstitieux, en plus : les chiffres pairs étant considérés comme portant malheur, leurs mois comptaient 29 ou 31 jours. Sauf qu’on arrive à… 554 jours. Misère, encore pair ! Donc, on ajoute un jour à février qui, de toute façon, est déjà considéré comme néfaste. Reste que 555 jours, c’est joli mais pas exact.

Des jours en plus au hasard

Alors les pontifes, chargés des affaires religieuses, ajoutaient quelques jours par-ci par-là, à leur bon grès ou pour faire plaisir à qui ils voulaient. César mit donc de l’ordre là-dedans en créant des mois de 30 et 31 jours, sauf février, toujours pas trop aimé. En ajoutant donc un 24 février et demi rigoureusement tous les quatre ans. C’est le calendrier julien.

Sauf que… si vous avez suivi, l’année c’est 365,2421904 jour, pas 365,25. Ça n’a l’air de rien mais ça décale quand même : en 1582, ce sont dix jours de décalage qu’on rattrape d’un coup avec le calendrier grégorien, toujours en vigueur. On passe direct du 5 au 15 octobre pour remettre les pendules à l’heure et l’on décide que l’année sera bissextile tous les quatre ans. Sauf… les années divisibles par 100 (1900, 1800…) mais quand même les années divisibles par 400 (2000). Ce qui permet d’être à peu près raccord depuis.

Les calendriers lunaires moins précis

Certains préconisent quand même un calendrier plus proche de la nature parce que calqué sur la lune. Sauf qu’il n’existe qu’un seul calendrier purement lunaire : le calendrier religieux musulman qui peut exister car il n’a pas de visée purement pratiques puisqu’il est décalé chaque année de 10 à 11 jours.

Les autres calendriers « lunaires » sont en réalité luni-solaires : que ce soit les calendriers juifs ou coptes, ils ne restent synchronisés qu’avec l’ajout de jours à intervalle régulier. Le calendrier lunaire tibétain est régulier lui aussi, avec l’ajout d’un 13ème mois tous les 30 mois. Les Gaulois eux, comptaient par « lustres » : un lustre, ce sont trois années de 12 mois et deux années de 13 mois. Et puisqu’on parle de 13ème mois, l’Union Soviétique introduisit en 1929 un calendrier fixe 30 jours par mois : les jours en rab étaient considérés comme superflus et donc fériés.

Et si on disait que le mois de février entier est superflu ?

Jean Luc Eluard

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