Les autorités sanitaires françaises ont annoncé mettre à disposition, contre la bronchiolite, le Beyfortus, un traitement par immunothérapie gratuit pour les enfants de moins de sept mois. C’est une avancée médicale majeure face à un virus qui touche 30 % des enfants de moins de 2 ans. Explications avec le docteur Émilie Pauquet, pédiatre spécialisée en néonatologie et infectiologie pédiatrique au CHU de Bordeaux
Comment se manifeste la bronchiolite ?
Émilie Pauquet : La bronchiolite est une infection des petites bronches appelées bronchioles dû à un virus chez les enfants de moins de deux ans. Le principal virus qui donne la bronchiolite est le VRS, le virus respiratoire syncytial. Au début, cela commence par une rhinite, le nez qui coule puis cela peut atteindre les bronchioles avec une toux. Les enfants peuvent avoir du mal à s’alimenter et à respirer.
Plus les enfants sont petits et plus cela peut être grave. Dans 2 à 3% des cas, les enfants sont hospitalisés et ce notamment en réanimation pédiatrique pour avoir un soutien respiratoire.
C’est un virus qui, comme tous les virus hivernaux, arrive à partir de l’automne. Cela est dû à la promiscuité des personnes, au fait que nous sommes davantage en contact avec moins d’aération et que les virus apprécient le froid.
L’arrivée du Beyfortus peut-elle changer la prise en charge des bébés ?
Émilie Pauquet : Les dernières études scientifiques ont montré que le Beyfortus réduit de 80% les hospitalisations. On espère que les enfants n’auront pas de bronchiolite ou alors des formes modérées si la couverture est suffisante.
C’est un traitement qui se présente comme un vaccin mais n’en est pas un. On fait une injection dans la cuisse. Ce sont des anticorps qui sont directement administrés à l’inverse d’un vaccin où l’on injecte des antigènes qui vont sécréter des anticorps au bout d’une à deux semaines. Là, avec ce traitement, quand on fait l’injection le traitement est rapidement efficace.
Ce sont des anticorps à longue durée d’action : il agit au moins cinq mois. Il couvre donc toute la période hivernale où le virus circule.
A qui le traitement est-il destiné ?
Émilie Pauquet : Il est destiné à tous les enfants qui sont nés à partir du 6 février 2023. Donc les enfants qui ont actuellement moins de sept mois. Les autorités sanitaires ont choisi le 6 février car la dernière épidémie de VRS s’est arrêtée à cette date. Les enfants nés avant cette date ont sans doute été en contact avec le virus et sont alors immunisés.
Et ce sont surtout les nourrissons de moins de six mois qui peuvent être très à risque et hospitalisés en réanimation car les bronchioles sont très petites et fragiles.
On espère un changement radical dans l’épidémie si les parents sont d’accord pour faire immuniser leurs enfants. Aujourd’hui, on ne peut pas savoir à combien va s’élever le taux de couverture par cette immunothérapie.
C’est une avancée médicale importante et on a la chance de bénéficier de ce traitement gratuit.
En dehors du nouveau traitement Beyfortus , quels sont les bons gestes à adopter pour éviter le virus ?
Émilie Pauquet : Ce sont finalement les gestes adoptés pendant l’épidémie de la Covid-19. Il faut se laver les mains régulièrement surtout avant de s’occuper de son nourrisson. Mais aussi aérer son habitat, et notamment la chambre de son enfant, laver régulièrement ses jouets, ne pas fumer à côté de lui. Il faut aussi éviter de fréquenter les lieux publics comme les grandes surfaces avec un enfant en bas âge. Si nous sommes malades, nous devons porter un masque.
Propos recueillis
par Alexandre Marsat