S’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond au pays du rugby, c’est bien le ballon. Inventé par des hurluberlus qui roulent à gauche, on ne pouvait pas s’attendre à quelque chose de commun. Pour donner corps au schisme avec le football, il fallait bien que cela passe par son principal allié : le ballon

Remontons l’histoire. Si la question « Où est né le rugby ? » est un peu le 1515 des sportifs, en réalité nous n’en savons pas beaucoup plus que pour la bataille de Marignan. Le ballon ovale, qui fait tout le charme du rugby, évitant toute anticipation du rebond, ne s’est pas imposé de lui-même.
Au commencement, le ballon était donc rond. Forcément. N’oublions pas que c’est en plein match de football, dans la ville de Rugby, que ce cher William Webb Ellis décide en 1823 de prendre à la main la balle et de courir avec.

Vessie puis caoutchouc

Et elle va rester ronde pendant de nombreuses années, même si le cordonnier de la ville décide de s’adapter à la nouvelle pratique des lycéens de Rugby en allongeant la forme du ballon dès la fin des années 1830. Ledit cordonnier, William Gilbert, est devenu presque aussi célèbre que sa ville puisqu’il donné naissance au célèbre fabricant… Gilbert, encore aujourd’hui fournisseur officiel de la Coupe du monde de rugby. Sa fabrication de ballons ovales, avec vessie de porc recouverte de quatre faces en cuir cousues, est tellement réputée qu’une de ses balles est présentée à l’Exposition universelle de Londres en 1851.
Avec son compère et voisin Richard Lindon, maroquinier, il décide ensuite d’utiliser une chambre en caoutchouc à gonfler avec pompe. Une ville de génies ! Mais ce n’est qu’en 1892 que la Rugby Football Union, fédération de la couronne d’Angleterre, adopte définitivement le ballon de forme ovoïde et fixe précisément ses dimensions, avant de rendre encore plus ovale la forme du ballon en 1931.

Entre saisir et courir avec un ballon rond ou ovale, les rugbymen ont vite choisi. Ces gaillards-là étant avant tout de gentils gentlemen. Certains y voient même là l’occasion de filer la métaphore et de les renvoyer à leur image de nounours. Le ballon serait rendu ovale en le plaquant contre soi comme un œuf. La comparaison avec la maternité est facile : le serrer contre la poitrine pour ne pas le perdre, repousser quiconque s’en approche ; de la mêlée il sort comme d’un accouchement…

On oubliera les salades de phalanges, les arrêts buffet, et surtout les drops.
Il n’y a plus qu’à dire : « Allez les petits ! »

Alexandre Marsat

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