En cette saison, on disserte davantage sur la couleur des nuages que sur le bleu du ciel. Et le charmant petit nuage blanc estival qui ressemble à un dragon, non à un lapin, ah tiens! non, plutôt à un cheval…
Bref, le petit nuage blanc est devenu un gros truc « bas et lourd » qui « pèse comme un couvercle », comme disait Baudelaire, qu’on a connu plus inspiré en matière d’images. Pour comprendre ces changements de couleur, il faut savoir comment sont formés les nuages : soufflez dehors en hiver, il se crée de la buée devant votre bouche.
L’air chaud et humide qui sort des poumons rencontre un air plus froid et l’eau se condense, c’est-à-dire que la vapeur d’eau qui prend ses aises dans un volume d’air chaud se retrouve dans un volume d’air froid plus petit, puisque l’air chaud prend plus de place que l’air froid, et elle se transforme en fines gouttelettes. C’est un nuage.
Ceux-ci contiennent peu d’eau. Un nuage de la taille d’un terrain de football (c’est une image, le nuage rectangulaire fait un peu strict) contient autant d’eau qu’une baignoire.
Des nuages plus épais
Donc un nuage, ce sont de petites gouttes d’eau qui laissent passer une partie de la lumière. Contrairement à l’air, qui diffuse plus facilement la lumière bleue, raison pour laquelle on voit le ciel de cette couleur, l’eau diffuse de manière équivalente toutes les longueurs d’onde de la lumière. C’est pour cela que le nuage est blanc. Mais elle en réfléchit une grande partie presque autant que peut le faire la neige, et la lumière réfléchie repart d’où elle vient, c’est-à-dire vers le haut. Voilà pour les petits nuages estivaux : on filtre un peu la lumière, on en renvoie autant, mais ça apparaît blanc.
Quand on passe au gris, ce n’est pas une question de plus grande densité de l’eau, densité qui demeure la même : c’est simplement que les nuages sont plus épais ou qu’ils sont faits de plusieurs couches. Ceux du dessus font de l’ombre à ceux du dessous, qui ont donc moins de lumière à diffuser : ils paraissent gris. Toutefois, le nuage n’a pas changé de couleur : vu d’avion, au-dessus de lui, il est toujours
blanc. Même chose pour les nuages les plus épais, qui peuvent atteindre jusqu’à 15 kilomètres d’épaisseur : le haut fait de l’ombre au bas et le blanc vire au gris comme un tee-shirt sale. Raison pour la-
quelle on a toujours tendance à penser qu’un nuage gris va nous pleuvoir sur la tête : les gros nuages sont plus susceptibles de se transformer en pluie, même si ce n’est pas systématique. Sauf pour les pessimistes.
Jean-Luc Eluard