Cet été, il fait chaud sous les maillots et sous les flots. Car les épisodes de canicules océaniques ont gagné en fréquence et en intensité. De quoi s’agit-il ? Et quelles en sont les conséquences ? Réponse en 5 points
Le 26 juin 2023, les eaux baignant les plages de Biarritz dépassaient déjà 22° C, tandis que les températures de surface des eaux méditerranéennes flirtaient à certains endroits avec 24° C. De quoi ravir les premiers vacanciers, et inquiéter les météorologues.
1- France : coup de chaud sous les flots
Il s’agit là de niveaux anormalement élevés : « + 4° C sur la côte basque ! » s’alarme l’expert météo Guillaume Séchet sur son site. « En Méditerranée, l’anomalie est souvent de + 3 à + 4° C et grimpe même à + 5° C sur les rivages du Languedoc ! » Prémices d’une nouvelle canicule océanique record après celle enregistrée l’été dernier ?
Également appelée vague de chaleur marine, une canicule océanique est une période marquée par une température de surface de la mer extrêmement élevée, d’une durée de quelques jours à plusieurs mois, qui s’étend parfois sur des milliers de kilomètres.
Source : GIEC (2019)
2- L’Atlantique Nord en alerte rouge
Au large des côtes atlantiques, la cote d’alerte est déjà dépassée. Les eaux qui bordent l’ouest de l’Europe et le nord-ouest de l’Afrique enregistraient fin juin des anomalies à des niveaux inédits ! Avec des anomalies de + 8°C dans les eaux de Grande-Bretagne et d’Irlande. Au point que les experts de l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA) parlent de canicule marine « extrême ».
3- Leur fréquence et leur intensité augmentent
Suivies grâce aux techniques de télédétection spatiale depuis le début des années 80, les canicules marines ont déjà doublé en fréquence et en intensité. Et ce n’est pas fini.
Les rédacteurs du rapport spécial du GIEC* consacré à « l’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique » estiment qu’il pourrait y avoir 20 à 50 fois plus de vagues de chaleur marines entre 2081 et 2100 que sur la période 1850-1900, selon le scénario retenu pour les émissions de gaz à effet de serre. Avec des conséquences graves à la clé.
4- De nombreuses espèces en pâtissent
Selon ces experts « les vagues de chaleur marines accroissent déjà la fréquence des phénomènes de blanchissement des coraux à grande échelle, et ont causé une dégradation des récifs coralliens depuis 1997 à l’échelle globale ».
Les coraux ne sont pas les seuls à subir une mortalité massive. Une étude publiée en 2022 dans la revue Global change biology souligne que les populations d’environ 50 espèces (y compris les éponges et les macro-algues) ont été affectées par de tels événements sur des milliers de kilomètres de côtes méditerranéennes, de la mer d’Alboran aux côtes du Proche-Orient.
5- Certaines espèces en profitent
En Méditerranée, le réchauffement des eaux de surface favorise en revanche l’arrivée de nouvelles espèces adaptées à ces conditions. Dans une interview donnée à Curieux ! en novembre 2022, Catherine Jeandel, directrice de recherche au CNRS au Legos à Toulouse s’inquiétait de l’installation de plus de 900 espèces non indigènes, arrivées via le canal de Suez. « Des méduses, mais aussi des poissons-lapins qui broutent tout sur leur passage, en particulier les posidonies déjà très menacées. Sans compter le crabe bleu qui s’installe dans le golfe du Lion à la place des anguilles. »
Pour autant, martèle cette océanographe co-pilote du Programme prioritaire de recherche « Océan et climat » : « il n’y a pas de fatalité. Il est encore temps d’arrêter d’émettre des gaz à effets de serre, avec deux mots d’ordre : sobriété et changement de système socio-économique ! »
Alexandrine Civard-Racinais
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