Anorexie, boulimie, hyperphagie… En France, près d’un million de personnes souffrirait d’un trouble des conduites alimentaires. Si ces pathologies touchent en majorité des femmes jeunes, les hommes ne sont pas épargnés
L’anorexie mentale, la boulimie et l’hyperphagie sont des troubles des conduites alimentaires (TCA) qui s’installent généralement à l’adolescence, ou chez le jeune adulte. Et davantage chez les femmes que chez les hommes pour les deux premiers troubles.
En effet, l’anorexie, qui se caractérise par une restriction des apports alimentaires et une perte de poids intentionnelle, apparaît entre 13-14 ans et 16-17 ans et touche en majorité les filles (au moins 80 % des cas), selon l’Assurance maladie. Elle reste une maladie (heureusement) relativement rare : entre 0,9 % et 1,5 % des femmes et 0,2 % et 0,3 % des hommes en seraient atteints.
L’hyperphagie touche autant les hommes que les femmes
La boulimie, elle, se caractérise par des crises au cours desquelles la personne absorbe de manière compulsive de grandes quantités de nourriture dans un temps court, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Ces crises sont suivies de comportements « compensatoires » tels que vomissements provoqués, utilisation de laxatifs, de diurétiques, jeûne entre les crises et exercice physique excessif…
Selon l’Assurance maladie, la boulimie toucherait environ 1,5 % des 11 à 20 ans, avec un pic de fréquence vers 19-20 ans, et concernerait environ trois jeunes filles pour un garçon.
Quant à l’hyperphagie boulimique, elle consiste aussi en des épisodes récurrents de crises de boulimie mais non associés à des comportements compensatoires. Plus fréquente, elle affecterait 3 à 5 % de la population et presque autant les hommes que les femmes. Elle est plus souvent diagnostiquée à l’âge adulte, mais il existe des formes précoces souvent sévères.
Une prise en charge nécessaire : globale et précoce !
La fréquence de ces troubles des conduites alimentaires est probablement sous-estimée. Quoi qu’il en soit, les personnes qui en sont touchées doivent être prises en charge car ces affections présentent des risques.
Interviewé en novembre dernier par Curieux.Live, le docteur Xavier Galvez, psychiatre addictologue et chef de la filière TCA adultes du nouveau pôle inter-établissement d’addictologie du CHU de Bordeaux et du centre hospitalier Charles Perrens, rappelait les dangers de ces pathologies : « L’anorexie présente un fort taux de mortalité : 20 % après 10 ans de maladie ! Des décès liés, dans la majorité des cas, à une dénutrition ou à un suicide. La boulimie, qui implique des vomissements, engendre des désordres hydro-électrolytiques, en particulier une perte de potassium, qui augmente de manière significative le risque d’arrêt cardiaque. Quant à l’hyperphagie, elle conduit souvent à une obésité, qui multiplie le risque de développer des maladies métaboliques ».
Épisodes dépressifs, troubles de la personnalité, baisse de l’estime de soi, perfectionnisme sont plus souvent présents chez les personnes présentant des troubles des conduites alimentaires. La crise sanitaire a provoqué une hausse inquiétante de ces troubles chez les jeunes adultes, comme le révélait un article publié en 2021 dans Le Monde.
Que l’on soit une femme ou un homme, il faut consulter des spécialistes pour lancer une prise en charge thérapeutique globale (des soins psychiatriques et nutritionnels) et précoce. C’est un facteur déterminant de guérison.
Florence Heimburger
Avec le soutien du ministère de la culture