Tous les Charentais connaissent cette phrase du natif de Cognac, François Ier : « la Charente est le plus beau ruisseau de mon royaume ». Avant d’aller plus loin, coupons court à toute ricanerie.

C’est bien d’un fleuve et non d’une rivière (encore moins un ruisseau) dont il est question comme tout cours d’eau qui se jette dans la mer. D’ailleurs, c’est le 5ème fleuve de France avec ses 381,4 kilomètres.

Les Bordelais et leur Garonne en 4ème position n’ont qu’à bien se tenir. Certes, il n’a pas la puissance du Rhin et du Rhône mais c’est justement son calme et du coup la beauté de ses berges qui est vantée par le roi.

Revenons à sa naissance : d’où partent ses 381 km ? Pas la peine de tracer un trait. Le fleuve se tord tout du long en méandres laissant la place à de nombreuses îles. Et c’est encore bien plus qu’il n’en faut pour traverser les deux départements charentais.
Si toute eau coule tout droit, elle est aussi fainéante et évite tout obstacle que ce soit un dénivelé à affronter ou des roches plus dures que les autres.

Alors c’est à Chéronnac, petite commune de Haute-Vienne qu’il faut aller voire gravir. Car la Charente prend sa source à 295 mètres. On est côté ouest du Massif central au sein de roches cristallines imperméables, comme tout une partie de la Charente limousine.
Les curieux s’approchent du petit bassin aménagé par la mairie pour voir la source. Aménagé car la source, la vraie, se situe en réalité à quelques centaines de mètres de là dans un champ, une propriété privée non accessible.

Raids vikings

Une douzaine de kilomètres en aval, le fleuve entre en Charente, puis fait une excursion en Vienne pour longer Charroux et Civray avant de descendre plein sud.

La Charente change complètement d’orientation à Angoulême évitant le calcaire turonien. Elle contourne alors l’oppidum pour filer lentement vers Cognac, puis Rochefort avant de se jeter dans l’océan atlantique entre Port-des-Barques et Fouras.

Ses eaux tranquilles ont favorisé l’implantation de moulins dès le Moyen-Âge. Et à partir de la fin du XVIIIème des écluses sont construites pour développer la navigation.

La pirogue monoxyle (dans un seul tronc) découverte en 1979 à Bourg-Charente date la navigation sur le fleuve d’au moins 5000 ans. Les Vikings eux-mêmes s’y sont aventurés au milieu du IXème s’attaquant au passage à Saintes puis Angoulême.
Plus tard, elle permettra de développer le commerce du papier et du cognac mais aussi les canons, le sel et de nombreuses denrées alimentaires. Tranquille mais utile.

Alexandre Marsat

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/lemag/

Photo credit: BATEAUX SUR LA CHARENTE via photopin (license)

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