Vrai ou faux ? Nombreux sont ceux qui doutent de l’existence possible de plusieurs identités dans un corps. Le « trouble dissociatif de l’identité » (TDI) est bien réel. Mais ce n’est pas comme dans Split. Démêlons le vrai du faux
Plusieurs personnalités dans un seul corps : voilà un sujet à fantasmes dans l’imaginaire collectif. Certaines personnes associent ce trouble à l’image du « psychopathe tueur, » d’autres nient son existence. Pourtant, le trouble dissociatif de la personnalité (TDI) est bel et bien reconnu et répertorié dans le DSM V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, publié par l‘American Psychiatric Association) et le CIM 11 (Classification internationale des maladies de l’OMS), deux ouvrages reconnus et utilisés par les psychiatres.
Nous pouvons donc avoir plusieurs personnalités, ou plus exactement plusieurs alters. Loin du tueur psychopathe, le TDI est caractérisé par « deux ou plusieurs états de personnalité distincts (identités dissociatives,) » d’après la CIM 11. Ces identités sont appelées alters.
Chacun des alters a « son propre schéma d’expérience, de perception, de conception et de relation à soi, son corps et l’environnement. Au moins deux états de personnalité distincts [alter] prennent le contrôle exécutif de la conscience et du fonctionnement de l’individu en interagissant avec autrui ou l’environnement. »
Ces caractéristiques s’accompagnent d’épisodes d’amnésie. Il est aussi possible d’avoir des alter lorsqu’on est atteint de l’Autre Trouble Dissociatif Spécifié (ATDS).
La schizophrénie, confondue à tort avec le TDI
En revanche, contrairement à une croyance commune, employer le terme « schizophrène » pour qualifier une personne ayant plusieurs alters est une erreur. La schizophrénie et le TDI sont deux troubles bien différents.
Les troubles schizophréniques se caractérisent, entre autres, par une incapacité à discerner le réel de l’irréel, des idées et une perception délirantes, des hallucinations. Une personne schizophrène peut entendre des voix mais ce sont des hallucinations auditives et non des alters.
Les causes du TDI
Toujours d’après le DSM-V, le trouble dissociatif de l’identité est associé à des événements traumatisants et/ou des abus vécus pendant l’enfance. L’abus physique et sexuel est « associé à un risque accru de trouble dissociatif de l’identité. »
Selon la théorie de la dissociation structurelle de la personnalité, une division de la personnalité survient suite à l’exposition à un ou plusieurs événements traumatiques. Les informations liées à l’évènement traumatique ne s’intègrent pas « normalement » dans le cerveau de l’individu.
Face aux situations de stress répétées, le cerveau s’adapte pour « limiter l’impact potentiellement délétère des hormones de stress sur le corps, au long cours », explique Joanna Smith dans son ouvrage Psychothérapie de la dissociation et du trauma.
De ses 4 à ses 11 ans, Jeni Haynes a subi les viols et les coups que son père lui infligeait comme l’explique Le Monde. Elle en garde les marques : des lésions irréparables à la vue, à la mâchoire, aux intestins, à l’anus et au coccyx. En conséquence de ces évènements traumatiques, Jeni a développé un TDI avec 2 500 alters, selon la BBC qui l’a interrogée. Le cas de Jeni Haynes témoigne d’un nombre d’alters particulièrement élevé, et ne représente pas l’ensemble des TDI. Un TDI peut tout aussi bien avoir 2, 5 ou 10 alters.
Nolwenn Tournoux
Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.
Sources utilisées :
https://www.youtube.com/watch?v=2TiBLuMz6oA
https://hal.univ-lorraine.fr/tel-03280131/document
https://www.dunod.com/sites/default/files/atoms/files/9782100754106/Feuilletage.pdf
https://www.cairn.info/gerer-la-dissociation-d-origine-traumatique–9782804191450-page-593.htm
- le soi hanté, par Ellert R. S. Nijenhuis et Onno van der Hart