Le documentaire « Lady Sapiens » diffusé sur France 5 et disponible en replay s’attaque au cliché de la femme préhistorique s’occupant de l’intérieur de la grotte. Le tout pour mieux définir le portrait des femmes pendant la Préhistoire. Et ce grâce aux dernières recherches scientifiques remettant en question les interprétations du passé
La série thématique de France 5 « Science grand format » s’est penchée sur LA femme préhistorique dans le documentaire « Lady sapiens » pour son édition du 30 septembre 2020. Un doc à voir ou à revoir en replay sur le site internet de la chaîne.
Le titre annonce le contenu, l’objectif étant de battre en brèche toutes les idées reçues qui ont cours depuis le XIX ème siècle sur la femme préhistorique, vivant forcément à l’ombre des hommes dans la grotte quand les chasseurs vont… chasser.
Nous avions eu l’occasion de nous attaquer à ce cliché vivace sur Curieux.live après la publication d’une étude en novembre 2020 dévoilant que les ossements d’un chasseur étaient finalement ceux d’une femme. Les archéologues avaient d’abord pensé qu’il s’agissait d’un homme respecté au vu des outils qui ornaient sa sépulture vieille de 9.000 ans découverte dans les Andes…
Dès les premières minutes du documentaire, les auteurs ne font pas dans la demi-mesure : « leur rang a souvent été sous-estimé dans l’histoire de notre espèce. Pourtant sans elle, il n’y aurait pas d’humanité ».
« Lady sapiens » nous emmène alors dans les principaux sites préhistoriques du monde à la découverte de la place de la femme préhistorique. On parcourt notamment les nombreux sites de la Nouvelle-Aquitaine, en vallée de la Vézère en Dordogne ou encore au Roc aux Sorciers et son magnifique « Panneau des femmes » à Angles-sur-l’Anglin dans la Vienne.
Loin d’être faibles et sans défense, la science nous apprend que les femmes de la Préhistoire avaient des corps d’athlètes de haut niveau. Une fois l’idée reçue combattue, le documentaire passe en revue la place des femmes dans les sociétés de la Préhistoire.
Apport de la technologie et progrès de la recherche ADN
Francesco d’Errico, l’éminent préhistorien du laboratoire Pacea de Bordeaux y parle de ses découvertes sur « l’émergence du corps paré ».
Il aura fallu une approche scientifique plus équilibrée, à défaut de dire féministe, mais aussi et surtout l’apport de la technologie actuelle, comme la micro-tomographie utilisée par José Braga qui permet d’analyser les fossiles d’oreille interne, pour enfin pouvoir mettre fin à ce puissant stéréotype de genre.
Le documentaire s’y attelle avec plusieurs exemples présentés en détail à travers le monde. Sexualité, attributs physiques, accouchement, rôles des grands-mères, activités techniques, maîtrise artistique, fabrication d’objets notamment en terre cuite, etc., « Lady sapiens » explore les nombreux champs d’études scientifiques.
Mieux, les progrès de la recherche ADN permettent même de déterminer le portrait type de la femme préhistorique. Il y a 6000 ans la couleur de peau demeure foncée alors que sapiens est arrivé d’Afrique il y a 40.000 ans. Et majoritairement les yeux bleus, comme l’explique Evelyne Heyer, paléogénéticienne au Musée national d’histoire naturelle.
Un documentaire à mettre devant tous les yeux.
Alexandre Marsat