Ben oui, c’est la totale : non seulement il faut rentrer de vacances, mais en plus on va être malade en voiture
Si ça peut vous consoler, vous êtes 3 millions dans ce cas, et un tiers des gens ont déjà souffert au moins une fois de cinétose, le nom médical du mal des transports. Mais ça dépend du type de véhicule : entre 3 et 5 % en souffrent en voiture, 25 à 30 % en bateau, entre 0,5 et 10 % en avion (selon la stabilité de l’engin, la durée et les conditions du voyage) et 50 à 60 % dans l’espace, ce qui ne fait pas exploser les statistiques. On ne le subit pas à cheval, mais souvent à dos de chameau ou d’éléphant, ce qui reste toutefois rare pour partir en vacances.
Il a fallu longtemps pour trouver une explication : en fait, cela résulte d’un conflit entre la réalité et nos perceptions. L’appareil vestibulaire (également appelé labyrinthe) de notre oreille interne nous permet de nous situer dans l’espace, de ressentir les accélérations et les changements de direction. Il fonctionne grosso modo comme un niveau de maçon, avec un liquide à l’intérieur qui transmet ses mouvements aux nerfs : c’est pour cela qu’après avoir tourné rapidement sur soi on a du mal à rester droit. Parce le liquide continue de tourner alors que notre corps ne le fait plus. Le mal des transports, c’est la même chose : nos yeux voient essentiellement l’habitacle de la voiture, qui est stable, alors que les cahots de la route et les virages indiquent à notre vestibule qu’on est en mouvement.
En bateau, c’est pire, puisqu’une autre fonction physique de l’équilibre est touchée, du fait de la plus grande amplitude de mouvements : les muscles, nerfs et les couches profondes de la peau jouent aussi un rôle en enregistrant des sensations pour maintenir le corps droit, alors que la vue n’a aucun point fixe auquel se raccrocher pour lui signaler qu’on bouge. Bref, c’est le bazar, et on a la cinétose (naupathie, pour le mal de mer, du préfixe grec « nau », qui se rapporte à la mer et d’où vient le mot… « nausée », tiens donc).
Ce mal se caractérise d’abord par un mal-être et une pâleur, puis on vomit et, au dernier stade (auquel tout le monde n’arrive pas, sinon on serait beau), tout s’aggrave et on peut tomber en syncope avec perte totale de la volonté. De tous ces symptômes, le vomissement est le plus redouté, mais aussi le plus étrange : que vient faire le système digestif là-dedans ? Deux théories : l’incohérence des informations reçues par le cerveau lui laisse supposer un empoisonnement et il réagit en vidant l’estomac ; ou alors les nerfs proches de l’œil surréagissent pour essayer de comprendre ce qui se passe, titillent le nerf vague qui est proche, et cela déclenche un vomissement.
Allez, bon retour… en vous signalant que la peur d’être malade accroît la probabilité de l’être, on est sympas quand même.