Des plantes que l’on peut placer n’importe où et qui vivent sans entretien. C’est en détournant des techniques de laboratoire qu’In Planta a créé ses « plantaphores » à Limoges. De la technologie biologique au service de la déco…
C’est l’idéal pour l’amoureux des plantes pressé, le fan de verdure dont l’amour n’est pas réciproque et qui fait crever toutes ses plantes : en voici une avec zéro entretien. Même pas un petit arrosage parce que tout ce dont elle aura besoin pour se nourrir est déjà présent dans son contenant.
Sous l’immense coupole très SF de la Technopole Ester de Limoges, In Planta recrée des forêts vierges en bocaux. On plus exactement, des plantes vivant toute une vie autonome dans leur récipient en verre obturé par un bouchon de liège dont la porosité permet de fournir l’échange d’air nécessaire.
Le reste ? Il est concentré dans le gel où plonge ses racines. On y trouve tous les nutriments nécessaires à la plante : des minéraux, du sucre, des vitamines et de l’eau, le tout emprisonné par l’agar qui sert à tout gélifier pour des raisons pratiques. Une technologie « rare : elle existe ailleurs mais elle n’est pas maîtrisée partout » explique Vincent Gloaguen, expert scientifique d’In Planta et professeur au laboratoire LCSN de l’université de Limoges où est née l’idée d’exploiter cette technique pour créer ces plantes à l’indépendance limitée par leur contenant.
C’est Idelette Plazanet, une de ses doctorantes, qui a lancé ces « plantaphores » selon le nom qui a été choisi pour ces objets qui sont autant des objets de décoration que des plantes. C’est elle aussi qui assure le développement technique des plantaphores, dont le principal tour de force est la maîtrise du cycle de l’eau : « C’est un cycle compliqué parce que 90% de l’eau que l’on utilise pour une plante s’échappe. » Ici, il s’échappe sous forme de vapeur lorsque la plante transpire mais il lui revient puisque cette vapeur est condensée sur les parois de verre.
Un développement « harmonieux » dans un pot stérile
De fait, il n’y a plus qu’une seule limite : à la fois la taille du contenant lorsque la plante grandit mais surtout l’épuisement des ressources nutritives contenues dans le gel : mais il est alors possible, si l’on s’est attaché à elle et si on s’est découvert une vocation jardinière, de la replanter à l’extérieur de son bocal. Selon une technique très précise décrite par un tutoriel présent sur le site d’In Planta.
Les plantes enfermées dans leur récipient en verre y ont été introduites après avoir été aseptisées… à la javel. En faible quantité pour tuer tous ses parasites potentiels, de manière à ce qu’elle n’ait pas de concurrence dans son pot stérile et puisse se développer « harmonieusement », de manière régulière.
Quant aux variétés de plantes retenues pour devenir des « Plantaphores », il a fallu arbitrer entre la faisabilité technique et l’aspect plus commercial des goûts du public : des lianes sud-africaines, des séquoias dont le gigantisme attendra d’être libéré de son contenant et… des plantes carnivores, qui ne sont dans les faits carnivores que lorsqu’elles n’ont n’absorbent pas assez de nutriments par les racines.
Démarrée début 2018, la commercialisation des objets, designés localement à La Souterraine (23) et fabriqués, pour la partie support en porcelaine, à Limoges, n’atteint pour l’instant que quelques centaines d’exemplaires.
Mais In Planta compte bien ne pas rester confinée à son biotope…
Jean Luc Eluard
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