Une étude de Santé publique France révèle que les niveaux d’imprégnation à l’arsenic, cadmium et mercure progressent et dépassent ceux observés dans la plupart des pays européens et d’Amérique du Nord. Or ces métaux lourds ont des conséquences néfastes pour la santé. Comment limiter sa contamination ? Explications
Arsenic, cadmium, chrome, cuivre, mercure, nickel… Une quantité impressionnante de métaux lourds aux multiples effets sur la santé est présente dans l’organisme de l’ensemble de la population française, y compris les enfants. Et à des niveaux qui croissent et dépassent souvent ceux retrouvés dans la plupart des pays étrangers (Europe et Amérique du Nord) sauf pour le nickel et le cuivre.
Ces résultats, publiés le 1er juillet 2021, sont issus de la grande enquête épidémiologique Esteban (Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition), pilotée depuis plusieurs années par Santé publique France (SPF).
Des substances très néfastes pour la santé
Les travaux ont porté sur 27 métaux lourds et ont été menés d’avril 2014 à mars 2016 sur un large échantillon (1104 enfants et 2503 adultes âgés de 6 à 74 ans), représentatif de la population française. Ils s’appuient sur des prélèvements biologiques (urines, sang et cheveux) et un questionnaire des habitudes de vie ou alimentaires.
Santé publique France rappelle que ces métaux ne sont pas anodins : ils peuvent être à l’origine de l’apparition de maladies chroniques (cancers, effets osseux, rénaux, cardiovasculaires, respiratoires ou encore neurotoxiques), de déficience immunitaire ou encore de cancers.
Les principaux résultats montrent que « l’ensemble des participants adultes et enfants » est contaminé, avec plus de 97 % à 100 % de détection selon les substances. Pour l’arsenic, le cadmium (classé cancérogène pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer depuis 2012, mutagène et toxique pour la reproduction) et le mercure, les valeurs dépassent celles guides sanitaires.
Céréales, poissons, fruits de mer, tabac incriminés
D’où proviennent-ils ? Pour le cadmium, la principale cause de contamination réside dans les sols (via les engrais minéraux phosphatés et autres fertilisants) et, de fait, l’alimentation notamment la consommation de céréales. L’alimentation représente 90 % de l’exposition à cette substance pour les non-fumeurs.
Par ailleurs, les mers et océans sont de plus en pollués à l’arsenic, au mercure ou au chrome. Pour SPF, la France consomme davantage de poissons et produits de la mer que les pays d’Europe du Nord, d’où cette imprégnation plus élevée.
Chez les enfants, la consommation plus fréquente de légumes issus de l’agriculture biologique est associée à une augmentation des concentrations urinaires en cuivre du fait de l’utilisation de ce métal comme fongicide, notamment sous forme de « bouillie bordelaise ».
Le tabac expose aussi à ces métaux et entraîne, entre autres, une augmentation de plus de 50% d’imprégnation au cadmium chez les fumeurs.
Outre l’alimentation et le tabac, SPF a identifié d’autres sources : les plombages dentaires pour le mercure même si depuis 2018, ils sont interdits chez les enfants et femmes enceintes ou allaitantes, ou les implants médicaux pour le chrome. Vous savez ce qu’il vous reste à faire et à manger : arrêter la cigarette, varier les sources d’aliments, ne pas consommer du poisson plus de deux fois par semaine et varier les espèces et lieux de pêche…
Pour limiter les risques de contamination, l’Agence de sécurité alimentaire préconise de ne pas abuser du poisson en en consommant pas plus de deux fois par semaine. Il est nécessaire aussi de varier les espèces et les lieux de pêche.
Florence Heimburger