Bon, avouons qu’à la question « la force est-elle basque ? », nous n’avons pas vraiment envie de répondre « non » du côté des montagnes basques. En fait, la force est bien basque. Ouf
L’herrikirolak, en langue basque, fait partie des multiples jeux ruraux nés d’affrontements sportifs entre villages. Comme leurs voisins landais ont inventé la course landaise en écartant les vaches marines landaises de leurs petits, les Basques ont inventé la force basque. Directement issue de pratiques encore plus ancestrales : celles des travaux des champs.
Il serait bon d’ailleurs de mettre au pluriel la force basque tant elle recouvre de variantes. On peut compter une douzaine de disciplines pratiquées ici et là lors de concours au travers des sept provinces basques. Elles vont des pratiques individuelles comme l’aizkolariak, où l’on voit le bûcheron juché sur un billot qu’il débite de manière impressionnante entre ses pieds ; jusqu’au sport collectif du fameux sokatira. Ce tir à la corde pourrait sembler plus bourrin que tactique au premier touriste venu. Pourtant, il faut savoir que cela fut une discipline olympique jusqu’en 1904 !
Un festival fin août
Les épreuves, véritables réminiscences des travaux agricoles, sont chaque fois des défis. Ici, il s’agit de parcourir le plus de distance en faisant pivoter une charrette de 400 kilos sur son timon. Là, un concurrent doit parcourir en un minimum de temps une distance avec un sac de céréales de plus de 70 kilos… Et forcément, la paille occupe une place centrale avec deux épreuves. Le lasto altxari consiste à lever une botte de paille de 45 kilos attachée à une corde à plusieurs mètres de haut, rappelant la mise au grenier. Ou encore un ballot qu’il faut élever le plus haut possible avec la fourche.
Les fermiers pratiquaient ces « forces » entre voisins comme on lance un pari, après les grands travaux des champs à la fin août ou bien le dimanche. C’est dans le respect de cette tradition que la commune de Saint-Palais, capitale de la Basse-Navarre, organise chaque dimanche suivant le 15 août, depuis 1951, son Festival de force basque.
Un festival suivi par de nombreuses autres communes, comme Saint-Étienne-de-Baïgorry qui a permis de faire connaître la force basque aux touristes. Outre-Bidassoa, les épreuves sont largement suivies par la population, elles sont même retransmises à la télévision basque espagnole. En pleins Jeux olympiques de Rio, il faut noter que ce sont les Basques qui ont gagné les premières olympiades des sports locaux organisées à Bonn en 1992.
Quand on vous dit que la force est basque…