Quand j’étais petit, c’était un truc qui me faisait flipper quand je sortais de l’eau : avoir les doigts complètement fripés et finir par ressembler à un sharpeï. Ou à Brigitte Bardot
J’étais sans doute un tantinet impressionnable, mais il n’en demeure pas moins que le mystère des doigts fripés a dû attendre 2011 pour être résolu. Et Brigitte Bardot n’y est pour rien.
En fait, c’est le système nerveux sympathique qui est en cause. Nous avons trois systèmes nerveux différents, et celui-ci est plus spécialement dévolu à l’adaptation inconsciente du corps à l’environnement immédiat. Quand le corps est plongé dans l’eau, le système sympathique enclenche un phénomène de vasoconstriction au bout des doigts : il envoie moins de sang dans les petits capillaires de l’extrémité. Résultat, la chair se contracte pour compenser le moindre afflux sanguin, mais pas la peau qui est peu élastique à cet endroit. Elle se plisse alors, mais pas n’importe comment : en canaux séparés les uns des autres et qui ne se rassemblent qu’à leur sommet.
La question est de savoir pourquoi.
Utilité mystérieuse
Apparemment, il s’agirait pour les doigts de drainer l’eau pour mieux agripper les objets, un peu comme les pneus présentent des rainures pour éviter l’aquaplaning. Une expérience menée par l’université de New-castle confirme cette théorie : elle a demandé à des cobayes des manipulations complexes de billes lisses et mouillées.
Ceux qui s’étaient trempé les mains dans l’eau auparavant mettaient 12 % de temps en moins pour finir leur exercice. Mais cela peut également être dû au fait qu’une fois mouillés, les doigts sont moins gras et glissent moins sur des billes… Surtout, on s’interroge sur l’avantage évolutif qu’une telle « qualité » peut avoir. Le mécanisme de l’évolution retient en général les modifications utiles, et on ne voit pas trop à quoi peut servir le fait d’attraper des billes plus vite…
Certains ont avancé l’idée que ça pouvait être pratique pour attraper les poissons. D’autres soulignent que le même phénomène concerne également les orteils, et qu’il pourrait s’agir d’un système antidérapant lorsque nos lointains ancêtres quadrupèdes se déplaçaient en milieu humide.
Pour valider cette hypothèse, il faudrait vérifier que les singes ont un réflexe équivalent. Mais comme ils évitent l’eau, ça leur servirait encore moins qu’à nous. Bref, on se retrouve donc nantis d’une capacité physique à l’utilité douteuse, mais au moins, elle ne touche que les extrémités. Jusqu’à un certain âge…