Iceberg, ice floe in the Southern Ocean, 180 miles north of East Antarctica, Antarctica
Non, la fonte des icebergs, eau de mer gelée qui flotte, n'entraîne pas l'élévation du niveau de la mer. En revanche, celle des glaciers, glace continentale, si.

Non, la fonte des icebergs, eau de mer gelée qui flotte, n’entraîne pas l’élévation du niveau de la mer. En revanche, celle des glaciers, glace continentale, si. PHOTO DR/ FLICKR

A cause du réchauffement climatique, le niveau de la mer s’élève. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, la fonte de la banquise arctique n’y est pour rien. Explications alors que le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) tire à nouveau la sonnette d’alarme dans son dernier rapport.

Depuis 1992, les données satellites confirment que le niveau de la mer s’élève. Selon certaines modélisations scientifiques, il pourrait augmenter d’un à trois mètres d’ici 2100 en raison du réchauffement climatique. Deux causes principales expliquent cette hausse : la fonte de la glace continentale (calotte polaire antarctique, glaciers alpins, andins, etc.) et la dilatation thermique de l’eau. Mais pas le dégel des icebergs flottant sur les océans.

Pour différencier les effets de la fonte de la banquise (glace formée par le gel de l’eau de mer en hiver) de ceux de la fonte de la calotte glacière (glacier formant une étendue de glace continentale), l’émission de vulgarisation scientifique d’« On n’est pas que des cobayes » n’a pas lésiné sur les moyens dans un épisode diffusé en 2013 sur France 5 : sous les directives de Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue au Commissariat à l’énergie atomique (C.E.A.) et coprésidente du groupe de travail sur les sciences du climat du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’émission a commandé deux énormes pains de glace de plus de 150 kg chacun à faire fondre au chalumeau. L’un, immergé, représentait la banquise. L’autre, reposant sur des parpaings, représentait la calotte glacière, extérieure à l’océan.

Résultat : quand le pain de glace « banquise » fond, le niveau de l’eau du bac reste inchangé alors que quand le « glacier » des « terres » émergées se liquéfie, l’eau monte.

Quand l’Antarctique fond, la mer monte

Pourquoi ces différences ? « La banquise appuie déjà sur l’eau. Si elle fond, cela ne change rien au niveau des mers (en vertu du principe de la poussée d’Archimède), résume la spécialiste. Par contre, lorsque le glacier, qui est formé de neige accumulée pendant très longtemps, fond, l’eau qui était stockée en dehors des océans va les rejoindre et donc le volume augmente et le niveau de la mer monte. »

Selon les projections des experts, si toute la glace de l’Antarctique (continent blanc situé au pôle Sud qui représente 90 % des glaces terrestres) et du Groenland fondait, le niveau des océans augmenterait de… 70 mètres ! En revanche, la fonte de la banquise et des icebergs, qui flottent sur la mer, ne ferait pas varier ce niveau d’un iota.

Une récente étude de référence parue dans le magazine Nature a montré que l’Antarctique a déjà perdu près de 3000 milliards de tonnes de glace depuis 1992. Assez pour faire monter le niveau global des océans de presque 8 millimètres. Et cette tendance s’est accélérée de façon spectaculaire (rythme trois fois plus élevé qu’avant) au cours des cinq dernières années.

Cette fonte de l’Antarctique représente une menace pour des centaines de millions de personnes vivant dans des zones basses côtières, des nations insulaires menacées de submersion, soulignent les auteurs de l’étude.

La dilatation de l’eau, autre facteur de la hausse du niveau des océans

La fonte des glaces n’est pas le seul facteur de la montée des eaux. La dilation thermique joue également un rôle important. En effet, les molécules soumises à la chaleur ont tendance à s’agiter et à s’éloigner les unes des autres. Par conséquent, le volume qu’elles occupent à nombre égal est plus important lorsque la température s’élève. En d’autres termes : l’eau prend plus de place quand elle se réchauffe.

Or, au cours du dernier siècle, la température moyenne de la Terre s’est élevée de 0,6 °C. Une augmentation qui a provoqué une dilatation de la couche océanique des mille premiers mètres de 15,6 cm.

Dans son dernier rapport, présenté le 8 octobre à Incheon (Corée du Sud), le Giec met en évidence la différence d’impacts entre un monde plus chaud de 1,5°C ou de 2°C. Deux mondes très différents.

Le groupe d’experts appelle à contenir le dérèglement climatique, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre, qui sont reparties à la hausse en 2017 et devrait atteindre un nouveau record cette année. Cela signifie un changement radical de nos comportements et mode de vie. Prêts pour le « big bang écologique » réclamé par le Fonds mondial pour la nature WWF ?

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