A-t-on pour la première fois entendu les extraterrestres dans la nuit du 15 août 1977 ? Depuis plus de 40 ans, tout ce que la communauté scientifique compte de passionnés de vie intelligente tourne autour du mystère d’un signal capté une seule et unique fois. Baptisé « Wow », il est devenu un mythe astronomique, régulièrement expliqué pour aussitôt retrouver son aura d’étrangeté
Et si c’était vraiment E.T. qui avait crié dans les Grandes Oreilles du radiotélescope de l’université d’Ohio ? Baptisé Big Ear, l’engin est alors affecté, par manque de financements, au programme SETI. En 1977, cela fait quatre ans qu’il écoute l’univers à la recherche d’un signe qui pourrait montrer que l’on n’y est pas seul. Le 15 août 1977, il va y avoir un signe. Et pas un petit : trente fois le bruit de fond de l’espace. Nous n’avons jamais capté un signal naturel d’une telle puissance dans l’Univers.
La meilleure fréquence pour parler aux étoiles
Et qui plus est sur une bande passante tellement étroite qu’elle exclut d’office un pulsar ou tout autre objet connu, qui émettent sur plusieurs fréquences. Cette fréquence n’est pas n’importe laquelle : c’est celle des 1,420 mégahertz, celle-là même sur laquelle la plupart des astronomes estiment qu’elle est la plus à même d’être utilisée pour des messages interstellaires.
Cette fréquence est en efeft la bande de l’hydrogène, l’élément le plus répandu de l’Univers et qu’elle est capable de traverser les nuages de poussière stellaire sans être absorbée ni atténuée. Chaque fois que l’on a envoyé un signal radio vers les étoiles, on l’a fait sur cette bande, avant même cette nuit de 1977.
Ce n’est que quatre jours plus tard que l’astronome Jerry Ehman reçoit chez lui les relevés de cette soirée. Et ce qu’il voit sur les feuilles le stupéfie tant qu’il y inscrit Wow ! dans la marge, au feutre rouge. L’équivalent anglais de « Ouah ! » ou même de « Purée, j’y crois pas, truc de ouf ! ». Le signal est baptisé et entre ainsi dans l’histoire.
72 secondes et rien d’autre
Malheureusement, il n’a pas été enregistré. On ne connaît que ses caractéristiques techniques et on ne peut donc pas le décortiquer. On sait qu’il n’a duré que 72 secondes, ce qui correspond au temps que l’une des deux oreilles du radiotélescope met pour passer devant un point fixe du ciel. Et on ne sait même pas lequel précisément puisque deux cornets étaient utilisés et que pour des raisons techniques, on ne sait pas lequel a capté ce bruit.
Bref, depuis 45 ans, on tient peut-être un message d’une civilisation extra-terrestre mais on est incapable de l’écouter ni de savoir son origine. Même si il y a dix ans, on s’est finalement décidé à répondre sur la même bande et dans la direction estimée en envoyant plein de renseignements sur nous. Au cas où…
Doutes, espoirs, doutes…
En 2016, un astronome amateur a fichu un sale coup au moral des amateurs d’E.T. : Antonio Paris avait repéré une comète entourée d’un immense nuage d’hydrogène qui naviguait dans les eaux où l’on avait repéré Wow ! Une émotion de courte durée : outre qu’il avait été un peu cavalier pour évaluer l’endroit où pouvait se trouver la comète en 77, il avait largement surestimé le bruit produit par la traîne d’hydrogène de 266/P Christensen, comme s’appelle la comète.
En novembre 2020, nouvelle émotion : en compilant une base de données d’étoiles, un autre astronome amateur en a extrait une, plantée au milieu de la zone d’où semble provenir le signal. Même si son nom n’est pas sexy, 2MASS 19281982-2640123 est la copie conforme de notre Soleil. Même masse, même température, même luminosité. Mais 1 800 années-lumière à parcourir pour avoir une réponse…
Reste que depuis 1977, rien ne semble devoir percer le mystère de Wow. Même si, et c’est ce qui est incroyable, l’hypothèse d’un message extra-terrestre est finalement l’explication la plus logique. Des fois, la logique vient au secours du rêve…
Jean-Luc Eluard