Les frileux qui souffrent à l’idée de mettre un orteil dans une eau à 20 degrés estiment sans doute que les surfeurs qui s’y précipitent en décembre sont passibles d’un internement d’office. Mais ce n’est pas parce qu’on n’aime pas qu’il faut en dégoûter les autres. Adeptes du surf, pratiquez l’hiver, c’est à cette période qu’il y a les meilleures vagues
Voici l’explication : la houle est essentiellement provoquée par le vent. Il y en a constamment en Atlantique-Nord et il souffle en moyenne à 55 km/h. Il joue sur la surface de l’eau en fonction de trois critères. Sa force, d’abord : à moins de 5 nœuds (un peu moins de 10 km/h), ce ne sont que des ridules qui s’estompent dès que le vent cesse. Au-delà, les vagues se maintiennent et, comme elles sont des ondes mécaniques et ne transmettent que de l’énergie (l’eau n’avance pas avec les vagues), elles poursuivent leur chemin jusqu’à rencontrer un obstacle : une vague rapide peut parcourir 1 000 kilomètres en une journée.
Celles que l’on voit sur la plage sont le souvenir de vagues formées plusieurs heures ou jours auparavant en pleine mer. La durée d’action du vent et la surface sur laquelle il peut agir (le « fetch ») ont ainsi un rôle. Raison pour laquelle une tempête sur un lac ne provoquera toujours que des vaguelettes, la surface d’action du vent étant trop peu importante pour créer autre chose. S’il y a plus de vagues en hiver, c’est qu’il y a tout simplement plus de vent.
Mais d’autres éléments agissent aussi sur l’aspect des vagues côtières, la pro- fondeur de l’eau et, indirectement, la pression atmosphérique. En pleine mer, le sol est suffisamment profond pour que la houle, qui n’est qu’en surface, y soit indifférente. Tout change si l’on s’approche des côtes : dès que la hauteur d’eau est inférieure à la moitié de la longueur d’onde – c’est-à-dire la distance entre deux crêtes de vague –, l’eau s’écoule moins facilement, elle « racle » le fond, ce qui la freine et, dans le même temps, augmente la hauteur de la vague. La pression atmosphérique a aussi son mot à dire : moins elle est élevée (et c’est le cas dans une dépression), plus le niveau de la mer monte, en général d’un centimètre par hectopascal en moins.
Bon, pour les surfeurs, ça ne change pas grand-chose sauf qu’en certains points de la côte, quelques dizaines de centimètres de différence peuvent modifier l’aspect des vagues, et c’est notamment le cas pour la plus célèbre : la Belharra, au Pays basque, qui naît grâce à un affleurement rocheux susceptible de l’accentuer ou de la briser.
Dernier point à prendre en considération : d’où vient le vent ? S’il vient du large, il écrase la vague et ce n’est pas bien, mais s’il vient de terre, ce qui est plus fréquent en hiver, il la creuse et youpi ! Globalement, on estime que la meilleure période pour surfer dans le coin, c’est mi-septembre-début décembre. On peut aussi se faire une bouillotte, plus raisonnable à cette saison.