Oui… mais en fait, non. Ou si vous préférez, p’t’êt’ ben qu’oui, mais sûrement qu’non. En tous les cas, il ne fait aucun doute que ce n’est pas parce qu’on chauffe le vin que l’alcool en disparaît
Car même si l’alcool pur s’évapore à 78 °C, il est étroitement lié à l’eau dans les boissons alcoolisées et, de ce fait, résiste beaucoup mieux à la chauffe. C’est d’ailleurs la même chose dans les plats : l’alcool se combine aux graisses et il faut laisser mijoter pendant plus de trois heures pour en éliminer toute trace. Il y en a donc dans le vin chaud. Et c’est ce qui est à l’origine d’une double illusion : celle que procurent à la fois l’alcool et la chaleur.
Le premier a un effet vasodilatateur, c’est-à-dire qu’il dilate les vaisseaux sanguins, du moins ceux à la surface du corps, ce qui donne notamment ces seyantes rougeurs aux joues. Comme l’un des rôles du sang est de réchauffer les organes, l’afflux de sang sur la peau donne l’impression que l’on se réchauffe, mais c’est au détriment de la température interne: nous ne sommes pas des centrales électriques et il faut bien prendre quelque part la chaleur vers l’extérieur, au contact de l’air froid où elle s’évapore.
Et donc c’est la température interne qui en prend un coup : en moyenne, on perd un demi-degré de température corporelle pour 50 grammes ingérés (en gros, cinq ballons de rouge). En outre, comme l’alcool détend, on frissonne moins. Or, le frisson est un moyen naturel du corps de se donner de la chaleur grâce au travail des muscles.
La deuxième illusion est celle de la chaleur du breuvage : les récepteurs sensoriels internes captent sa température élevée et indiquent au cerveau qu’il convient d’éliminer ce surcroît. Le corps déclenche donc un mécanisme de sudation qui, même s’il est limité, n’aide pas vraiment à se réchauffer. Reste que l’illusion de chaleur procurée est bien agréable et qu’il vaut mieux parfois une bonne illusion à une réalité frigorifique.
Cependant, s’il ne réchauffe pas a priori, le vin (chaud ou pas) permet d’anticiper l’hiver : deux études, l’une américaine et l’autre espagnole, montrent que boire entre 8 et 14 verres de vin par semaine (pas par jour, hein…) diminue de 60 % les probabilités d’attraper un rhume. Sans doute grâce aux propriétés antioxydantes du vin. Ah, la science… ça permet aussi de se donner bonne conscience.