site fiable

Pour évaluer la crédibilité d’un site, il faut commencer par se poser des questions, assure Anne Lehmans, chargée de mission numérique, responsable des masters documentation et Médiation et médiatisation des savoirs à l’Université de Bordeaux. 

« Il y a, dans cette question, une forme de contradiction entre le terme “savoir” et le terme de “fiable”, qui relève de la confiance, de la foi, donc plus du sentiment que de la rationalité. C’est précisément sur cette tension qu’il faut réfléchir : il convient de définir une forme de fiabilité scientifique.

C’est la base de la culture de l’information, c’est ce qui permet notamment d’accompagner des jeunes pour qu’ils soient capables de se donner des critères. C’est d’autant plus important qu’une partie de la médiation a disparu. Avant, on se demandait peu si un livre était fiable, car le papier parait fiable. A tort, parfois; un livre écrit par la Scientologie, par exemple, ne l’est pas du tout. C’est donc un biais dont il faut se méfier. Mais en tout cas, les médiations des journalistes, des éditeurs, des bibliothécaires ont disparu pour beaucoup de personnes qui s’informent. Ils étaient des filtres, et l’on se retrouve maintenant seuls face à l’information. 

« Apprendre à poser des questions »

Pour Anne Lehmans, « On rejoint là ce que disait le philosophe Gaston Bachelard ; pour savoir, il faut d’abord apprendre à poser des questions ».

Cela complique singulièrement la tâche et renvoie donc à la responsabilité individuelle de déterminer si une information est fiable. C’est alors que l’on doit exercer son esprit critique. Avec des questions basiques : qui me parle ? Quand ? À qui s’adresse-t-on ? Pourquoi le fait-on ? Quelle intention il y a-t-il derrière cela ? Comment le discours est-il organisé, construit, quelle en est la rhétorique ?

Il faut parvenir à déconstruire tout cela pour arriver à évaluer l’intégralité de la chaine d’information. Ce sont des questions simples. Prenons celle du « Quand ? ». En temps de Covid, elle donne des indications importantes car pour certains types d’informations, scientifiques par exemple, la fraîcheur est fondamentale. L’information d’il y a trois semaines n’en est plus forcément une aujourd’hui. Donc l’éducation à l’information doit construire des personnes qui posent des questions.

On rejoint là ce que disait le philosophe Gaston Bachelard ; pour savoir, il faut d’abord apprendre à poser des questions. »

Retrouvez toutes les interviews de notre série sur l’esprit critique : lire ici.

Propos recueillis par
Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

 

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