Christophe Tisseyre, cofondateur de la Télé Libre et de son satellite, StopIntox.com*, explique comment vérifier qu’une photo ou une vidéo correspond bien au contexte présenté par ceux qui la publient
« La première question à se poser, c’est “qui me parle ?” Est-ce quelqu’un que je connais, dans quel cadre, est-ce un blog, un journal avec une rédaction, etc. Donc, savoir si l’on peut identifier la source qui présente l’image ou la vidéo et juger de sa crédibilité.
Le réflexe, aussi, c’est de faire une recherche inversée dans Google pour les images. On peut faire la même chose pour les vidéos en prenant une capture d’écran, ou alors en utilisant un outil conçu par Amnesty. Cela permet donc de savoir si la vidéo ou l’image n’a pas été déjà diffusée dans un tout autre cadre. Récemment, une photo a été publiée sur certains sites montrant une petite fille décédée, soi-disant en Israël. Une rapide recherche a prouvé que cette photo avait en fait été prise au Honduras.
« On engage sa responsabilité »
Ensuite il faut se dire que plus c’est gros, plus on est surpris, plus on doit se méfier. On vérifie alors dans un moteur de recherche. Et si c’est un seul média qui en parle, surtout s’il n’est pas connu, il faut vraiment faire attention.
On peut en particulier vérifier auprès des sites des médias reconnus en tant que tels, qui ont un savoir-faire journalistique. Eux vont effectuer un travail de recoupage : si une source leur dit quelque chose, ce n’est pas encore une information. Si une deuxième confirme, cela le devient. Le New York Times, par exemple, exige trois sources concordantes pour publier une info. Donc, aller vérifier auprès de médias journalistiques, c’est vraiment la base, et tout le monde peut le faire, quel que soit son niveau d’éducation et de connaissances. Ils peuvent bien sûr se tromper, mais c’est quand même plus rare.
Se poser ces questions, c’est très important ! Car en France la loi dit que chacun est responsable de sa page sur les réseaux sociaux, qu’on en est le directeur de la publication. Donc on engage sa responsabilité, ce qui n’est pas toujours connu des utilisateurs de ces réseaux. On peut être poursuivi, il importe ainsi de ne pas publier n’importe quoi. »
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Propos recueillis par
Jean Berthelot de La Glétais
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