byozaire

Arrivés par bateaux des États-Unis, les bryozoaires, des organismes vivants étranges souvent confondus avec des méduses, jouent un rôle essentiel pour le maintien de la qualité des eaux. Exemple au Lac de Vassivière (Limousin) où ils apparaissent à l’automne

Des êtres étranges venus d’ailleurs, à mi-chemin entre la méduse et l’éponge, gélatineux à souhait. On n’est pas vraiment tenté de toucher ces bestioles qui ressemblent à des méduses échouées sur les plages. Ces bryozoaires flasques et d’aspect rebutant sont arrivés d’Amérique du Nord accrochés sous la coque des bateaux.

La présence des premiers individus a été constatée en 1994 dans le canal de la Haute-Saône (Territoire-de-Belfort), probablement amenés par des oiseaux, puis l’année suivante dans l’étang de la Héronnière (Vosges). Ils ont ensuite proliféré en eau douce, colonisant au fil des ans des plans d’eau en Bretagne, Corse, Midi-Pyrénées et dans le Limousin notamment le lac de Vassivière. Cette espèce exotique s’est donc bien acclimatée dans l’Hexagone.

Très friands de cyanobactéries

Lorsque le niveau du lac de Vassivière diminue, les bryozoaires apparaissent. Elles sont une garantie de bonne qualité des eaux (Photo C. Mérigaud)

Organisme mi-animal mi-végétal très répandu au pays de l’Oncle Tom, la « Pectinella Magnifica », son autre nom, affectionne les eaux tempérées et peu profondes en bordure de lacs. Le bryozoaire est apparu au Lac de Vassivière voilà une vingtaine d’années. A partir de fin août, il se dévoile lorsque le niveau de ce lac de barrage baisse afin de soutenir l’étiage de la Vienne. « En temps normal, les bryozoaires ne se voient pas car ils sont accrochés aux branches des saules qui trempent dans le lac ou aux cordages des bateaux, ils ne dérivent pas comme des méduses. Des milliers d’individus sont collés les uns aux autres formant une colonie qui a l’aspect d’une grosse masse translucide pouvant atteindre la taille d’un ballon », précise Cyrille Bailly, guide de pêche.

Ils se nourrissent d’algues bleues, les cyanobactéries qui prolifèrent rapidement lorsque la température du lac grimpe entre 25 et 28 degrés. Mais ces cyanobactéries sont dangereuses pour notre santé car elles se développent dans des eaux contenant du phosphate et du nitrate. «  La présence des bryozoaires à Vassivière est plutôt une bonne nouvelle pour lutter contre la pollution assure-t-il car ils purifient les eaux du lac ».

L’espèce n’est pour l’heure pas envahissante, elle ne prolifère pas même si le réchauffement climatique pourrait changer la donne à l’avenir. « Si le lac se réchauffait encore, les cyanobactéries pourraient se développer davantage estime-t-il, cela créerait alors de bonnes conditions pour les colonies de bryozoaires. » Aucun risque cependant pour les baigneurs, ça ne pique pas comme les méduses.

Corinne Mérigaud

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