Milieu scolaire et surtout universitaire sont devenus, avec un tiers des clusters, la première « collectivité » de circulation du virus. Quels sont les symptômes du coronavirus chez les enfants et adolescents ? Le point sur les connaissances actuelles avec le Dr Marion Favier, praticien hospitalier aux urgences pédiatriques du CHU de Bordeaux et référente en infectiologie pédiatrique.
Une point positif dans ce flot de mauvaises nouvelles : les enfants sont moins touchés par la Covid-19 que les adultes. Ils représentent moins de 1% des patients hospitalisés et des décès (depuis le début de l’épidémie, on déplore trois décès à l’hôpital dans la classe d’âge 0 à 14 ans) en France, rapportait Santé Publique France le 8 octobre dernier. Ils sont aussi plus souvent asymptomatiques ou peu symptomatiques.
Selon l’étude Ped-Covid coordonnée par l’hôpital Necker (AP-HP, Paris) et l’Institut Pasteur (prépubliée sur MedRxiv et soumise à The Lancet) auprès de 775 individus âgés de 0 à 18 ans, 69,4 % d’entre eux, pourtant positifs à la Covid-19, n’avaient pas eu de symptômes évocateurs.
Et, quand les plus jeunes présentent des signes, ceux-ci diffèrent de ceux de l’adulte. « Les symptômes très caractéristiques tels que la perte du goût (agueusie) et de l’odorat (anosmie) sont quasi inexistants chez les moins de 10 ans, souligne le Dr Marion Favier, référente en infectiologie pédiatrique au CHU de Bordeaux. En revanche, les petits malades présentent plus de troubles digestifs (diarrhées et vomissements) que les adultes. » Quant aux lésions cutanées de type engelures observées chez certains enfants, elles ne semblent pas être dues la Covid-19 mais seraient plutôt une conséquence de la virose ou d’une autre pathologie.
Test de dépistage ou pas ?
Quand doit-on s’inquiéter en cas de troubles digestifs, fièvre, rhinite, toux, maux de tête chez son enfant ? « S’il a un simple rhume, que son état général demeure bon, qu’il n’est pas essoufflé, qu’il n’a pas été en contact avec un cas et que ses parents ne présentent pas de symptômes évocateurs, en particulier l’agueusie et l’anosmie, il est inutile de consulter en urgence, rassure le Dr Favier. En revanche, si les symptômes persistent plus de 3 jours sans amélioration, et/ou qu’il ressent une gêne respiratoire, on contacte son médecin traitant qui prescrira éventuellement un test PCR (naso-pharyngien). »
La Société française de pédiatrie a d’ailleurs élaboré un algorithme pour aider les médecins et aussi les parents et les personnels des collectivités à établir un diagnostic et à décider de la nécessité ou non d’un dépistage PCR.
Cependant, la tâche risque de se compliquer les semaines à venir avec la venue des infections virales de l’hiver : rhino-pharyngites, grippes, bronchiolites et autres gastro-entérites, auxquels les enfants sont sujets, en particuliers ceux de moins de 6 ans.
Les enfants moins contagieux que les adultes
Quoi qu’il en soit, en cas de symptômes, l’enfant doit rester à la maison et s’isoler 7 jours si le test est positif. Un certificat médical n’est cependant pas exigible pour le retour à l’école.
D’autre part, contrairement à ce qui a été pensé au début de l’épidémie, les enfants transmettent moins le virus que les adultes. « De nombreuses études réalisées en France, en Islande et au Royaume-Uni montrent que s’ils excrètent la même quantité de virus que les adultes, ils contaminent nettement moins que ces derniers. Dans la majorité des cas, l’enfant est infecté par un adulte de son entourage, en particulier de son domicile », soulignent la pédiatre et un communiqué de la Société française de pédiatrie. Au vu de ces constats, la société savante en profite pour rappeler que « Les bénéfices éducatifs et sociaux apportées par l’école sont très supérieurs aux risques d’une éventuelle contamination par SARS-CoV2 de l’enfant en milieu scolaire ».
Florence Heimburger