C’est l’activité favorite des jeunes pères. Initier leur progéniture aux joies du ricochet plutôt qu’à celles du saut dans les flaques ; tout en montrant qu’ils sont capables de réaliser un tel geste technique. Eh oui, « mon papa est le plus fort » ! Mais les mystères de la physique peuvent être dramatiques… la pression est forte sur les épaules du papa
Les épaules, car tout vient du geste, un peu comme un bon swing de golf. Atteindre le record mondial de 88 ricochets réalisé en Pennsylvanie est inatteignable, mais déjà quatre ou cinq seront suffisants pour repérer, par expérimentation, les critères d’une belle et efficace technique. En premier vient le choix de la pierre. Si les meilleurs d’entre nous peuvent faire des ricochets avec une pierre brute et lourde, les moins téméraires devront choisir une pierre absolument plate et arrondie. Ses bords pourront alors tenir dans le crochet formé avec l’index et le pouce, pour prendre la vitesse souhaitée au moment du lancer. La beauté du geste. Passé ce choix évident, vous pensez que tout est affaire de chance ? C’est ce qui distingue le pro des étendues d’eau de l’amateur du dimanche.
Portance et rotation
L’angle du lancer doit être le plus mince possible (au maximum 20° entre la trajectoire du galet et la surface de l’eau), si l’on ne veut pas voir la pierre
pénétrer dans l’eau comme un avion en plein crash. Justement, la comparaison avec l’avion est intéressante, car nous allons chercher à utiliser toute la portance du galet, comme le font les ailes d’un aéronef. Prenez ce pilote expérimenté qui a réussi à poser son Airbus sur le fleuve Hudson, à New York. Il a
ralenti la vitesse de son avion, puis il a cherché l’angle le plus faible possible pour frôler l’eau avant de s’y poser sans encombre. C’est le même phénomène avec votre galet à ricochets, le poids en moins. C’est pourquoi il faut adapter la vitesse de votre lancer au poids de la pierre elle-même. Si le mouvement est trop rapide, c’est le crash assuré pour le galet, qui partira dans tous les sens dès le premier ricochet, changeant alors d’inclinaison avant le crash fatal. Les observateurs répliqueront que le galet prend forcément une autre direction dès sa première glissade. C’est juste. Alors, pour s’assurer qu’il continuera à raser l’eau avec la même trajectoire, il faut lui donner un effet de rotation. Effet procuré par le mouvement du poignet et le crochet formé par le pouce et l’index, permis par sa rondeur originelle. Quand on vous dit que tout réside dans le choix du galet et le geste technique.