Chèvres, ânes et autres bourricots n’ont pas bonne réputation sur le plan intellectuel. Et que dire des poules ? Le chien, lui, est suffisamment idiot pour s’asseoir quand on le lui dit, et le poisson rouge ne se souvient plus de rien le temps d’effectuer le tour de son bocal.
Une vision qui s’effrite lentement et a pris un nouveau tournant avec la loi de modernisation et de simplification du droit, adoptée par l’Assemblée nationale au début de 2015. Elle modifie une phrase du Code civil : « Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens. » Si l’animal est toujours considéré comme un bien dont on peut disposer, le fait de reconnaître dans la loi sa sensibilité est nouveau.
Et cela ouvre la possibilité d’une reconnaissance de son intelligence par la société humaine.
« Ils savent se soigner, compter, tricher… »
Gilles Bœuf, ancien président du Muséum national d’histoire naturelle, aime à raconter cette anecdote : « J’ai vu des moineaux cuire leurs aliments sur les capots des voitures d’une aire de repos pour donner à manger à leurs petits. » Car, pour le scientifique, cela ne fait pas de doute, comme il l’explique dans le livre “Révolutions animales”: « Au regard des derniers travaux de physiologie ou d’éthologie, qui démontrent les incroyables facultés d’adaptation et les compétences des animaux, tout nous encourage désormais à les considérer autrement. Ils savent innover, inventer, créer des outils, climatiser leur habitat […] s’aider par intérêt mutuel, faire la guerre, communiquer, se soigner par les plantes, tricher, compter… » Les exemples sont innombrables.
Les animaux ne sont pas devenus intelligents : c’est notre vision qui a changé. Ils ont toujours été doués d’intelligence, et les scientifiques s’évertuent à le démontrer. Certains nous invitent même à les observer de très près et à les imiter. Le biomimétisme permet d’innover dans de nombreuses disciplines, notamment dans le secteur industriel. Une approche dont l’exemple le plus connu vient du végétal, avec la bande Velcro, inspirée des crochets de la fleur de bardane qu’on s’amuse, enfant, à se lancer sur les vêtements.
Mais les possibilités sont sans fin du côté du monde animal. Ainsi, les fourmis, dont la capacité à trouver collectivement le meilleur itinéraire entre leur fourmilière et la nourriture a donné naissance à « l’algorithme des fourmis », utilisé pour tout type de réseaux (transport routier ou aérien, informatique, GPS).
Une immense ressource d’intelligence pour l’homme…
Image par Wokandapix de Pixabay