Une éolienne fonctionne généralement entre 20 et 25 ans. Mais que faire de cet imposant dispositif une fois qu’il est hors d’usage ? On fait le point à l’heure où la loi française impose de recycler au minimum 90 % de la masse totale de l’éolienne
Fin 2023, on dénombrait plus de 9 500 éoliennes dans l’hexagone, réparties sur près de 2 391 parcs. L’éolien représente désormais la troisième source de production électrique la plus importante en France, derrière le nucléaire et l’hydraulique.
Mais le développement de ce secteur et la multiplication des parcs soulève une épineuse question : que faire de ces éoliennes lorsqu’elles arriveront en fin de vie ?
« Théoriquement, elles pourraient produire de l’électricité pendant 30 ans, voire même 35 ans. Mais comme pour toutes les machines, il existe un coût de maintenance qui devient de plus en plus élevé au fur et à mesure que l’éolienne vieillit. Dans les faits, les exploitants de parcs éoliens vont donc les faire tourner en moyenne entre 20 et 25 ans », détaille Paul Franc, ingénieur au sein du service réseau énergies renouvelable au sein de l’agence de la transition écologique (Ademe).
Les premiers parcs éoliens ont commencé à fleurir sur le territoire français au début des années 2000, avant de connaitre une accélération à partir de 2010. « On s’attend donc à voir un pic de démantèlements vers 2028-2030 », indique Paul Franc.
Et d’ici 2038, il faudra recycler au total plus de 8,5 millions de tonnes de matériaux issus du démantèlement des éoliennes, indique un rapport établi par le conseil général de l’environnement et du développement durable paru en 2019. Un sacré chantier !
Du béton et de l’acier
La plupart des matériaux composant l’éolienne peuvent être recyclés, assure l’ingénieur. La loi française impose d’ailleurs aux exploitants des parcs de recycler au minimum 90 % de la masse totale de l’éolienne. « Elles sont notamment composées d’un socle en béton, et d’un mât en acier. Ces deux éléments représentent 95 % du poids de l’éolienne », indique Paul Franc.
« Le béton peut être réutilisé pour fabriquer des granulats qui serviront dans la conception des remblais que l’on trouve sous les routes par exemple. Il peut aussi servir à fabriquer d’autres bétons. Et l’acier est réemployé dans les filières du bâtiment et des travaux publics, dans l’automobile, ou bien dans l’industrie navale », poursuit l’ingénieur.
Des pales difficiles à recycler
Mais si le mât et le socle ne posent pas de soucis, on ne peut pas en dire autant des pales de l’éolienne. Ces dernières sont faites de fibre de verre et d’une résine qui agit comme une sorte de colle. « Il est techniquement possible de récupérer ces matériaux, en les chauffant à des températures assez élevées, ou bien en utilisant de coûteux procédés chimiques. Mais ce type de recyclage n’est pas viable économiquement », souligne Paul Franc.
Résultat : la plupart des pales du vieux continent finissent brûlées dans les cimenteries ou dans des incinérateurs. Pour pallier à ce problème, les fabricants d’éoliennes planchent actuellement sur la fabrication de nouvelles résines, plus faciles à extraire.
« Certains parcs éoliens se lancent dans les premiers tests pour évaluer le fonctionnement de ces nouvelles pales. On peut espérer les voir se généraliser dans les 10 prochaines années », note Paul Franc.
Cette évolution est cruciale, car à terme, l’éolien devrait encore largement se développer dans l’hexagone. Selon les projections réalisées par le réseau de transport d’électricité français (RTE), ce secteur occupera entre 25 et 50 % du mix électrique français en 2050, contre seulement 10 % aujourd’hui.
Thomas Allard