Il arrive que l’on se réveille juste avant que l’alarme du réveil ne sonne. Est-ce une exception ? Cela viendrait de notre « horloge interne ». Alors sommes-nous capables de la contrôler et de se réveiller à l’heure sans réveil ?
Qui n’a pas vécu ce phénomène étonnant de se réveiller juste quelques minutes avant que l’alarme de son réveil ne se déclenche ? Certaines personnes, pour sauter hors du lit, n’ont même jamais recours à des alarmes. Dans une enquête réalisée par des chercheurs américains de l’Iowa, près d’un quart des personnes interrogées, témoignait se réveiller par elles-mêmes, sans aide d’un quelconque réveil.
Un phénomène « loin d’être surprenant et mystérieux » selon Pierre Philip, chef de service universitaire de médecine du sommeil du CHU de Bordeaux et chercheur au sein de l’unité SANPSY. « Nous n’avons pas besoin d’un réveil pour nous réveiller. L’individu se réveille naturellement après avoir atteint son quota de sommeil. Si on se réveille tous les jours à la même heure, c’est tout à fait normal que le corps se prépare physiologiquement à ce réveil » pose ce spécialiste du sommeil. « Arriver à se réveiller sans alarme veut ainsi dire qu’on est programmé sur une durée de sommeil suffisante et que les horloges biologiques sont bien calées avec son besoin. C’est un très bon signe. »
Un cycle circadien de 24 heures
Il existe en effet plusieurs régulateurs du sommeil telle que la durée d’éveil qui est en moyenne de 17 heures. Un autre régulateur est l’horloge chronobiologique, soit une horloge interne, qui joue un rôle majeur dans l’alternance veille-sommeil. A certains moments nous sommes ainsi programmés pour nous réveiller et, à d’autres, nous avons une propension à nous endormir.
Ces deux phases d’endormissement et de réveil s’accompagnent de changements physiologiques (sécrétion de mélatonine, ralentissement ou accélération des battements du cœur etc…). Si on se réveille « naturellement », sans alarme, on le doit ainsi à cette horloge calée sur un cycle circadien de 24 heures.
C’est l’heure du lever qui compte pour caler l’horloge biologique
Un autre facteur peut favoriser ces auto-réveils : le stress. Si on doit se réveiller à une heure inhabituelle, par exemple à 5 h du matin pour prendre un train, on peut être surpris de se réveiller sans alarme. « Cependant ces réveils ne se font pas juste avant que l’alarme sonne. Ils se produisent à plusieurs reprises au cours de la nuit. Cela est différent », estime Pierre Philip, pour qui la réponse est claire et nette. « Non, on ne peut pas se réveiller sur commande ni autoprogrammer son cerveau pour un réveil à telle ou telle heure. »
En revanche, selon lui, si on respecte une régularité et le quota de sommeil dont on a besoin, on peut se réveiller sans alarme. En sachant que la durée idéale de sommeil est de 7 à 9 heures pour un adulte. « Il faut pour cela instaurer une régularité des horaires de réveils, davantage que ceux des couchers qui dépendent de notre envie ou non de dormir. C’est l’heure du lever qui compte pour caler l’horloge biologique puisque c’est l’exposition à la lumière et aux contacts sociaux qui lance la journée. »
Autocontrôler surtout son bien-être mental
Respecter son sommeil est d’autant plus important que cela permettrait d’avoir une forme de contrôle, non pour s’auto-réveiller, mais pour réguler sa santé mentale. Auteur de l’ouvrage « Antidéprime » (Ed. Albin Michel, 2024), Pierre Philip, également psychiatre, a ainsi étudié les liens entre sommeil et dépression. « Dans les années 80, on considérait que l’insomnie était le signe précoce d’entrée dans la dépression. Depuis, des études ont démontré que les épisodes dépressifs peuvent être la conséquence et non la cause de troubles du sommeil. On sait désormais que le sommeil permet de réduire l’inflammation du cerveau dit de bas grade qui perturbe la régulation des neurotransmetteurs impliqués dans la modulation de l’humeur. On voit dès lors qu’une bonne gestion du sommeil peut avoir une action thérapeutique sur la dépression. C’est assez simple, à la portée de tous et, là, on peut le décider soi-même. »
Marianne Peyri
Vous pouvez évaluer votre sommeil grâce a l‘application KANOPEE téléchargeable ici.