Tourbière de Siikaneva en Finlande PHOTO Vincent J MixopeatTourbière de Siikaneva en Finlande PHOTO Vincent J Mixopeat

C’est à la fois une première et une excellente nouvelle ! Selon un modèle prédictif développé par des chercheurs européens publié ce 20 mars 2025, les microalgues du sol pourraient compenser jusqu’à 14 % des émissions futures de CO2 issues des tourbières

Si les tourbières couvrent seulement 3% de la surface du globe, elles renferment un tiers du stock de carbone des sols mondiaux. A l’instar des océans et des forêts, les sols terrestres constituent en effet des puits de carbone naturels.

Les microalgues du sol, grandes oubliées des projections climatiques

Les microalgues présentes dans les tourbières participent à cette captation en fixant le CO2 via la photosynthèse microbienne, puis en le convertissant en biomasse. Jusqu’à présent, faute de données suffisantes, les mécanismes de captation du CO2 par les microalgues des sols n’avaient pas été intégrés aux différentes projections climatiques. 

C’est désormais chose faite grâce à une expérimentation in situ menée par le microbiologiste Vincent Jassey, chercheur CNRS au sein de l’équipe CIRCE du Centre de recherche sur la biodiversité et l’environnement (CRBE) et ses collègues européens. Les résultats de cette expérimentation, combinée aux différents scénarios prédictifs établis par le GIEC, viennent d’être publiés dans la revue Nature Climate Change. Ils permettent de quantifier, pour la première fois, la compensation potentielle des émissions futures de CO2 par les tourbières à l’échelle mondiale.

La hausse des températures favorise le pouvoir des microalgues

Le chercheur du CNRS Vincent Jassey, au travail dans la Tourbière de Siikaneva en Finlande. PHOTO Vincent J Mixopeat

Confrontés à un assèchement des sols liés à la hausse des températures, certains micro-organismes du sol libèrent en effet du CO2 dans l’atmosphère par respiration dite hétérotrophe. Mais « une partie de ces émissions de carbone issues de tourbières pourraient être atténuées », se réjouit Vincent Jassey. Car de leur côté, les microalgues voient leur potentiel de capture du carbone augmenter !

Selon le modèle prédictif élaboré par les chercheurs, cette augmentation permettrait de compenser environ 14 % des émissions de CO2 prévues dans les tourbières septentrionales. « En reliant les expériences sur le terrain et en microcosme, nous montrons en outre que l’amélioration de la photosynthèse microbienne accélère l’absorption du CO2 dans les tourbières », soulignent les auteurs de l’étude.  Loin d’être négligeable, cette fixation de carbone par photosynthèse pourrait atténuer l’impact du changement climatique à l’avenir.

Ces travaux mettent aussi en lumière la nécessité de préserver et restaurer les tourbières « Pour conserver ces écosystèmes en bon état de fonctionnement, il faut s’assurer qu’ils restent humides »,  complète Vincent Jassey. « Les tourbières sont des zones humides et l’apport en eau y est essentiel. »  

Les tourbières abritent une grande diversité de microalgues capables de fixer le carbone de l’atmosphère. Ces microalgues sont sensibles à la hausse des températures. Cette sensibilité conduit à une assimilation de CO2 accrue dans les tourbières nordiques. © Vincent Jassey

Alexandrine Civard-Racinais

À savoir : 

  • La tourbe, contenue dans les tourbières, est issue de l’accumulation et de la décomposition partielle au fil du temps de mousses appelées sphaignes. 
  • Il faut environ 100 ans pour obtenir 1 cm de tourbe.

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