Le président américain n’a pas abandonné sa volonté d’annexion du Canada et du Groenland. Ses dernières déclarations sont claires : la « seule chose sensée » à faire pour le Canada est de rejoindre les USA vient-il de déclarer. Le Groenland est aussi stratégique pour Donald Trump et demeure dans sa ligne de mire

10 millions de kilomètres carrés ! C’est la superficie que Donald Trump souhaite avaler en annexant le Canada. Soit 20 fois la France et 2,5 fois l’ensemble de l’Union européenne. Et pourquoi stopper un si grand appétit ? Le président américain a dévoilé avant même son investiture sa volonté d’acheter aussi le Groenland, vaste territoire autonome du Danemark de 2 millions de kilomètres carrés. La plus grande île du monde ! Pour le magnat de l’immobilier, tout s’achète ou tout s’accapare…

Son expansionnisme est revenu sur le devant de la scène en ce mois de mars entre plusieurs déclarations (parfois contradictoires) sur les droits de douane imposés aux produits canadiens. Il n’a pas hésité pas à remettre en question les frontières entre les deux pays comme le ferait un dirigeant belliqueux. Mardi 11 mars, il a déclaré que « la ligne artificielle de séparation dessinée il y a plusieurs années va finalement disparaître, et nous aurons la nation la plus sécuritaire et la plus belle au monde ». Il s’assoit ainsi sur le traité des frontières signé en 1908.

Pour l’instant, Trump s’en tient à une imprévisible guerre commerciale avec son voisin nordaméricain. L’objectif du président fan des deals est d’étrangler économiquement le Canada pour l’obliger à intégrer les USA.

Une vraie fausse annexion du Canal de Panama

Preuve de cette vision économique des choses : le Canal du Panama.
Le milliardaire avait promis de l’annexer, convaincu que sa rétrocession en 1999 était un « cadeau insensé ». Et il s’est félicité début mars de cette « reconquête ». L’inventeur des « faits alternatifs » a tordu la réalité. C’est en fait le mastodonte américain BlackRock qui a racheté les deux principaux ports du canal au groupe hongkongais CK Hutchison pour plus de 22 milliards de dollars. Nous sommes très loin d’une annexion mais au cœur d’une opération financière privée.

Pourtant, l’objectif reste atteint pour Trump ! Il souhaitait que les Américains mettent la main sur cette route commerciale stratégique. C’est chose faite. Pourquoi ? Si 4% du trafic maritime mondial passe par le Canal, c’est plus de 40% des conteneurs américains qui le traversent ! La vente a rendu furieuses les autorités chinoises.

Le Groenland, future route commerciale des Etats-Unis

Le président est devenu un géographe expert : il veut aussi intégrer le Groenland aux USA. Cette île, plus proche de l’Amérique du Nord que de l’Europe, devient stratégique pour deux raisons liées au changement climatique.

Avec la fonte des glaces, des voies navigables peuvent être ouvertes et attirent les convoitises des trois leaders mondiaux : USA, Chine et Russie. Trump veut faire main basse sur l’île polaire pour passer devant ses adversaires. Ainsi, il damerait le pion aux Chinois. Une vague impression de déjà-vu avec le Canal du Panama.

Bases militaires américaines au Groenland

Trump lorgne aussi sur l’exploitation d’un sous-sol très riche en minéraux, rendue possible avec le réchauffement. Et voici comment le changement climatique, que Trump réfute pourtant, fait ses affaires. L’achat de territoires entiers fut courant pour les Etats-Unis. On pense à celui de la Louisiane (qui représente actuellement le quart des USA) en 1803 auprès de la France mais aussi à l’Alaska acheté aux Russes en 1867. Ou encore aux îles Vierges occidentales acheté auprès du… Danemark en 1917.
Fait méconnu : lors de la Seconde Guerre mondiale, les Américains prennent pieds au Groenland alors que le Danemark est occupé par les Allemands. Ils le rendent au Danemark après la guerre mais y installent des bases militaires ! Les Américains ont conservé celle de Pituffik, au nord-ouest de l’île.

Trump connaît l’histoire et le timing est très bon. A tel point que des géostratèges expliquent qu’il faut arrêter de prendre Trump pour un imbécile. La proposition d’achat du Groenland par Trump a ravivé les volontés indépendantistes des Groenlandais. Il se dit qu’il n’aura plus qu’à ramasser le fruit quand il sera mûr. Et à dealer avec eux.

Avec Trump, il faut changer notre vision de la géopolitique. Annexer un territoire veut dire avant tout prendre le contrôle économique et pas forcément celui des frontières… La souveraineté économique passe avant la souveraineté territoriale.

Dans ce nouveau jeu mondial, la guerre est d’abord commerciale. Mais si on n’accepte pas ses plans, Trump menace de sa puissance militaire. Et là, ce ne sont pas des « faits alternatifs ».

Alexandre Marsat

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