3 QUESTIONS A Philippe Freyssinet, directeur scientifique du BRGM. Le Bureau de recherches géologiques et minières est positionné sur un vaste champ de recherche scientifique. Face au changement climatique, l’étude des sols et l’enjeu sur les nouveaux métaux des terres rares deviennent primordiaux
1 – Quel est le rôle du sous-sol dans le changement climatique ?
Face au changement climatique, les problématiques de gestion des ressources en eau souterraine et le cycle de l’eau sont fondamentalement modifiés. Or, n’oublions pas que 70% de l’eau potable consommée en France provient des nappes d’eau souterraine. Nous devons donc avoir une surveillance et une capacité à prévoir l’impact du changement climatique sur les nappes d’eau pour garantir la disponibilité de cette ressource.
Toute la stratégie scientifique du BRGM (1) est focalisée sur les problématiques de transition écologique. Notre métier de base, c’est la connaissance géologique du sous-sol français et de ses ressources, avec une présence sur tout le sol national et l’ensemble de ses territoires. Le premier enjeu est la gestion des ressources en eau souterraine. L’autre grand enjeu, c’est les risques naturels ou causés par l’Homme : essentiellement la gestion des sols pollués. Il y a aussi les risques naturels comme les mouvements de terrain et les risques littoraux. Ou encore les vulnérabilités aux risques sismiques. Enfin, nous travaillons également sur les questions de transition énergétique comme la géothermie ou encore le stockage de CO2 en profondeur.
2 – Quels sont les principaux risques auxquels la France est confrontée avec ses sols ?
On observe, des phénomènes climatiques plus marqués avec le changement climatique. Les mouvements de terrains sont plus fréquents, liés au fait que les sols sont gorgés d’eau.
Il y a un autre effet, moins spectaculaire mais qui a un impact économique très important : le retrait-gonflement des argiles. Certains sols contiennent des argiles qui ont tendance soit à gonfler avec les pluies, soit à se rétracter en période sèche. Cela provoque des oscillations de quelques centimètres qui peuvent générer des dommages extrêmement couteux aux maisons.
Le changement climatique amplifie ces phénomènes. On développe des recherches et des technologies pour détecter les zones à risques et conseiller les collectivités territoriales sur l’aménagement durable.
3 – Comment les métaux peuvent participer à la transition écologique ?
La transition écologique intègre plusieurs transitions dont la transition énergétique et numérique. Les deux sont concomitantes. Cette consommation énergétique nécessite de plus en plus de métaux pour accompagner cette transition. Dans un smartphone, par exemple, il y a une cinquantaine de métaux différents.
Le fait de substituer les énergies fossiles par de l’énergie électrique a pour conséquence une demande massive de nouveaux métaux que l’on utilisait relativement peu dans le passé comme le cobalt et le lithium. Des nouveaux métaux, comme les terres rares, servent également pour accompagner le développement des énergies renouvelables comme les éoliennes. La société s’électrifiant de plus en plus, elle a besoin de manière massive de cuivre.
A la suite de la pandémie de la Covid-19et de la guerre en Ukraine, on voit apparaître une nouvelle géopolitique des métaux, comme nous avions une géopolitique du pétrole. La question de souveraineté européenne est primordiale pour avoir des approvisionnements en métaux et les sécuriser.
Propos recueillis par Alexandre Marsat
Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
(1) « Le BRM est un établissement de recherche et d’expertise : nous faisons à la fois de la recherche scientifique mais également de l’expertise et du développement technologique, soit pour l’Etat ou des collectivités territoriales et les entreprises. Le BRGM est un établissement de recherche appliquée qui est focalisé sur les problématiques du sol et du sous-sol. »
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