Le bois est souvent présenté comme une énergie renouvelable neutre en carbone. Si son bilan carbone s’avère meilleur que celui des énergies fossiles, il n’est pas neutre pour autant. Par ailleurs sa combustion est fortement émettrice de particules fines, nocives pour notre santé. Il est toutefois possible de les réduire

7,5 millions de Français se sont chauffés au bois au cours de la saison de chauffe 2022-2023. Ce chiffre dévoilé par l’ADEME dans sa dernière étude sur la situation du chauffage domestique au bois illustre l’engouement des particuliers pour ce mode de chauffage réputé bon pour le portefeuille et l’environnement. Mais qu’en est-il vraiment ?

Une énergie renouvelable, mais un bilan carbone loin d’être neutre

Pour se chauffer, les ménages privilégient les bûches de bois, issus à 85% de l’exploitation d’un bois ou d’une forêt. Les 15% restant étant issus de l’entretien des vergers, jardins, haies ou bois de bord de route. S’agit-il d’une énergie renouvelable ? Oui, répond l’Agence de la transition écologique. C’est même la première source d’énergie renouvelable en France. « Le bois représente aujourd’hui 35 % des énergies renouvelables utilisées en France devant l’hydraulique, l’éolien, le solaire et la géothermie. » Il s’inscrit donc pleinement dans la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), la feuille de route de la France pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

Pour autant, et contrairement à une idée largement répandue, l’impact climatique de la production du « bois énergie » n’est pas neutre. Dans une tribune publiée en 2021 et relayée par l’ONG Canopée, un collectif de 500 scientifiques et économistes avait d’ailleurs exhorté « l’Union Européenne (à) arrêter de considérer la combustion de la biomasse comme neutre ». « Plusieurs études scientifiques, montrent que la contribution du bois énergie à l’atténuation du changement climatique dépend du type de ressource utilisée et des pratiques forestières » souligne pour sa part l’ADEME dans son avis sur le bois énergie. « Selon les pratiques, le bilan carbone du bois énergie peut s’améliorer ou se dégrader. Néanmoins, dans la grande majorité des cas, le bilan carbone reste bien meilleur que celui des énergies fossiles. »

Un moyen de chauffage polluant, mais des pistes d’améliorations

Si la ressource en bois représente de nombreux avantages en tant qu’énergie renouvelable et locale, sa combustion n’est pas sans danger. En France, le chauffage individuel au bois constitue en effet la principale1 source des émissions annuelles de particules fines (PM2,5), capables de pénétrer dans les ramifications profondes des voies respiratoires. Les recherches montrent qu’une exposition de court terme aux particules fines suffit pour accroître la morbidité cardio-respiratoire, tandis qu’une exposition chronique favorise l’apparition de maladies respiratoires, cardio-vasculaires et de cancers du poumon.

Cette situation n’est pas inéluctable, car des voies d’amélioration sont possibles. Les cheminées à foyer ouvert et les chaudières ou poêles de plus de 10 ans génèrent plus de pollutions que les cheminées dotées d’un insert ou les nouveaux équipements. Plus écologiques, les appareils nouvelle génération émettent « jusqu’à 10 fois moins de particules fines » signale l’ADEME dans son Vrai/Faux du chauffage au bois. A condition de bien l’utiliser. « La fourchette est grande, car cela dépend aussi de la qualité du combustible, de la façon d’allumer et conduire son feu, d’entretenir son appareil, etc. » L’enjeu, en terme d’amélioration de la qualité de l’air et de nôtre qualité de vie, l’est tout autant.

Alexandrine Civard-Racinais

  1. En 2018, les émissions de particules fines issues précisément du chauffage au bois ont constitué : 43,3 % des émissions de PM2.5 ; Les PM2,5 regroupent les particules de diamètre inférieur à 2,5 µm.  ↩︎

A lire pour se chauffer au bois en limitant l’impact environnemental de l’utilisation de cette ressource : Le bois, une énergie renouvelable en 10 questions, ADEME, novembre 2023.

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