3 QUESTIONS A Marine Gueugneau, chercheuse INRAE à l’Unité de nutrition humaine de Clermont-Ferrand. Elle travaille sur les apports protéiques dans l’alimentation. Elle explique à Curieux l’intérêt pour la santé humaine et l’environnement d’augmenter les légumineuses
1 – La consommation de légumineuses est-elle bonne pour la santé ?
Les légumineuses c’est vraiment la clé pour une alimentation durable. Pourtant il y a seulement 1 Français sur 2 qui en consomme chaque semaine. Ces vingt dernières années cette consommation a été divisée par 4. Et ce alors même que les légumineuses sont bonnes pour la santé humaine et pour la planète. C’est qu’on appelle One Heath (une seule santé pour une seule planète).
Les légumineuses c’est l’espèce végétale qui est la plus riche en protéines. Et on a besoin des protéines pour rester en bonne santé. Elles sont aussi riches en nombreux nutriments : des fibres, des micronutriments comme la vitamine D et le magnésium ou encore des polyphénols. Elles sont connues pour être antioxydantes et font diminuer le cholestérol. Elles favorisent la satiété.
Plusieurs études ont également montré qu’elles pourraient prévenir les maladies cardiovasculaires.
Elles sont donc très positives mais on en consomme peu. Donc la question, c’est comment faire pour augmenter leur consommation. On peut les consommer cuites ou en salade. Et l’idéal, c’est de les consommer avec des céréales, comme du riz avec des lentilles ou des haricots rouges avec du maïs, du pois chiche avec de la semoule de blé, etc. Quand on associe les deux, on va améliorer la qualité des protéines et cela sera bénéfique pour notre santé.
En Asie, en Afrique, en Amérique du Sud, tous les plats traditionnels sont constitués de cette association.
2 – Pourquoi avons-nous besoin de plus de protéines en vieillissant ?
C’est à cause de nos muscles et plus précisément de notre machinerie cellulaire qui permet de produire des protéines dans nos muscles, aussi appelée synthèse protéique.
Avec l’âge, cette synthèse protéique est moins efficace. Elle a alors besoin de plus d’énergie pour fonctionner, et notamment des acides aminés. Ces derniers sont comme des petites briques qui constituent les protéines. Il existe certaines acides aminés, les essentiels, qui doivent être apporté par l’alimentation pour pouvoir continuer de produire des protéines et les renouveler au niveau musculaire.
Avec l’âge, on doit donc consommer plus de protéines pour produire suffisamment de muscles. Sinon, le risque c’est de perdre des muscles. Nous sommes alors exposés à des risques de chutes, à une diminution des défenses contre les maladies. Et la dépendance sera accentuée.
De nombreuses études ont montré qu’une perte de muscle trop importante est associée à une augmentation de la mortalité.
3 – Quel parcours vous a mené à devenir chercheuse à l’INRAE ?
J’avais envie d’avoir un métier où je pouvais aider un peu la société à mieux vivre. Je me suis vraiment intéressée à la biologie à partir du lycée et j’ai trouvé que le corps humain était une vraie machine qui est à la fois complexe, mystérieuse et très fascinante.
Je me suis naturellement dirigée vers des études de biologie. J’ai passé une licence de bio à l’université de Clermont-Ferrand. Et c’est à ce moment-là où j’ai découvert le milieu de la recherche. J’ai continué en master recherche biologie-santé puis j’ai intégré l’INRAE pour réaliser ma thèse où j’ai travaillé sur le vieillissement du muscle. Après avoir réalisé un post-doctorat à l’étranger, j’ai postulé sur un poste de chercheuse à l’INRAE de Clermont-Ferrand sur l’alimentation saine et durable pour les personnes âgées.
Ce poste rassemble tout ce que je voulais faire : promouvoir une alimentation saine et durable pour rester en bonne santé.
Je conseille aux jeunes filles qui hésitent à se lancer dans des filières scientifiques de foncer. Il ne faut pas hésiter, ne pas penser qu’on ne peut pas le faire. C’est passionnant alors, croyez en vous.
Propos recueillis par Alexandre Marsat
Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
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