3 QUESTIONS A Dominique Noguet, coordinateur du projet FAMES au CEA, un projet au cœur de l’électronique du futur. Il travaille sur le développement des puces électroniques moins gourmandes et plus performantes. L’objectif est aussi d’améliorer la souveraineté européenne de ce secteur industriel. Un enjeu pour le grand public qui les utilise au quotidien. Explications
1 – Quelle est la place des puces électroniques dans notre quotidien ?
On retrouve les puces électroniques partout : dans nos ordinateurs où elles sont apparues en premier, mais aussi dans les smartphones, le multimédia, l’automobile, la santé et dans notre électroménager. Les puces sont indispensables et présentes dans tous les secteurs d’activités.
Elles sont aussi au cœur des transitions numérique et écologique. On peut prendre l’exemple de la voiture électrique qui contient environ 1600 puces, là où une voiture traditionnelle en contient 600 à 700.
Le marché des puces électroniques va continuer à progresser, tiré en particulier par l’automobile et l’électronique industrielle. On estime ce marché à 632 milliards de dollars en 2024 et il va atteindre la barre symbolique des 1000 milliards de dollars en 2030.
2 – Comment le programme FAMES peut aider à développer des solutions microélectroniques ?
FAMES est un programme d’innovation qui prépare les solutions microélectroniques de demain. Quand on se projette vers l’avenir, on peut distinguer différents types de technologies. Il y a celles visant la miniaturisation ultime des transistors. Elles sont utilisées notamment dans les processeurs pour les smartphones ou les ordinateurs. Et il y a celles pour d’autres applications : les microcontrôleurs, capteurs intelligents, imageurs, composants radiofréquences, etc. Ce sont à ces applications que nous nous intéressons dans FAMES, en phase avec les attentes des industriels en Europe.
Nous développons principalement cinq technologies qui serviront de base aux architectures des puces du futur. On peut voir cela un peu comme des « briques de lego » que l’on pourra assembler pour faire des circuits variés.
FAMES vise des puces performantes et économes en énergie, des enjeux extrêmement importants puisque l’électronique et la microélectronique envahissent tous les secteurs. Il y a aussi de plus en plus d’applications nomades avec des puces alimentées sur des batteries et qui exigent une très faible consommation.
Parallèlement, FAMES cherche à diminuer l’impact environnemental des puces dans tout leur cycle de vie et en particulier pendant les étapes de fabrication, en visant à réduire les besoins en ressources (énergies, eau, matériaux, gaz…).
Et pour finir, nous préparons des cursus de formation pour les ingénieurs de demain.
3 – Pourquoi ce secteur industriel est stratégique pour l’Europe ?
Avant la crise de la COVID-19, l’accès aux puces semblait aller de soi : elles étaient disponibles en flux tendu pour l’industrie à un prix qui était jugé correct. Mais la crise a provoqué des arrêts de production de puces. La crise a parallèlement accéléré la transition vers le numérique. Ces deux effets ont provoqué des pénuries de composants. On l’a vu avec l’arrêt des chaines d’assemblage automobile et la difficulté à produire des respirateurs. Il y a eu une prise de conscience que les puces étaient un enjeu de souveraineté.
En Europe, la production des puces est passée de 20% de la production mondiale en 1990 à 8% en 2020. La Commission européenne et les États-membres ont alors lancé des plans très ambitieux pour restaurer la place de l’Europe et revenir à 20% de la production mondiale en 2030 avec le Chips Act en Europe et via France 2030 en France.
FAMES, par le biais de son portefeuille de technologies et par le dispositif d’accès à la ligne pilote, propose des solutions en réponse à ces enjeux, en particulier pour l’industrie européenne : l’automobile, les composants pour la 5G, la 6G, la connectivité RF, les capteurs, les imageurs, les écrans, les composants pour l’internet des objets, les composants très basse consommation pour l’électronique portable, etc. et aussi pour les marchés souverains comme les composants pour la cybersécurité, le spatial et le quantique.
Propos recueillis par Alexandre Marsat
Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
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