3 Questions A. L’infertilité concerne 1 couple sur 4 selon l’agence française de biomédecine. Quels sont les mécanismes qui sont à l’origine de l’infertilité ? Et pourquoi ce phénomène est-il en train d’augmenter dans les pays industrialisés ? On fait le point avec le professeur Célia Ravel, médecin et enseignant-chercheur au sein du service de biologie de la reproduction-CECOS au CHU de Rennes.            

Comment définit-on l’infertilité du point de vue médical ?

Célia Ravel : Selon la définition donnée par l’organisation mondiale de la santé, cela correspond à l’incapacité d’un couple à parvenir à une conception et à mener une grossesse à terme au bout d’un an de rapports sexuels réguliers non protégés. Il devient alors nécessaire pour les deux membres du couple d’aller faire des examens.

Chez la femme, on va chercher ce qui peut bloquer la fécondation. Si les trompes utérines sont obstruées par exemple, cela peut empêcher les gamètes masculins et féminins de se rejoindre. On vérifie aussi si les ovaires fonctionnent bien et produisent des gamètes matures tous les mois. Les contrôles se font à l’aide d’un dosage hormonal et d’une échographie.

Il est également nécessaire d’explorer si tout fonctionne chez l’homme. Parce que dans 50 % des cas d’infertilité, c’est un facteur masculin qui entre en jeu. Il est donc recommandé de procéder à une analyse des paramètres spermatiques. La production de spermatozoïdes peut en effet parfois être altérée, voire même être complètement absente.

Quelles sont les causes qui peuvent mener à une infertilité ?

Célia Ravel : En premier lieu, il y a la question de l’âge de la femme, qui est limitée par son horloge biologique. Dès l’entrée dans la trentaine, les ovaires commencent à moins bien fonctionner. Et à partir de 38-39 ans, les chances de grossesse sont bien plus faibles.

Il y a aussi des causes médicales. Certaines maladies sexuellement transmissibles comme les infections à chlamydia peuvent, si elles ne sont pas traitées, bloquer les trompes utérines qui permettent aux gamètes de se rejoindre.

Enfin, l’infertilité peut également être liée à des causes génétiques. La fabrication de gamètes chez les hommes et chez les femmes repose en effet sur un processus de division cellulaire extrêmement complexe et très finement régulé : la méiose. Il suffit qu’il y ait une mutation dans un gène qui code pour l’une des protéines impliquées dans ce processus de méiose pour que la production de gamètes ne se fasse pas.

Dans 70 % des cas, nous arrivons à bien identifier la cause de l’infertilité. Mais il en reste 30 % pour lesquels nous n’avons pas d’explication. Cependant, on suspecte que les différentes pollutions environnementales jouent un rôle délétère. Nous sommes en effet aujourd’hui davantage exposés aux perturbateurs endocriniens comme les phtalates ou le bisphénol qu’il y a 50 ans. Cela pourrait expliquer l’augmentation de l’infertilité observée dans les pays industrialisés. Certaines structures, comme le centre ARTEMIS à Bordeaux, tentent donc d’évaluer ces paramètres afin d’aider les couples à diminuer leur exposition aux perturbateurs endocriniens.   

Quelles sont les solutions possibles pour un couple touché par l’infertilité ?

Célia Ravel : Si l’infertilité est médicalement avérée, il est possible de recourir à la fécondation in vitro. On peut alors récupérer les spermatozoïdes par masturbation, ou bien à l’aide d’une biopsie testiculaire. Après stimulation hormonale des ovaires, les ovocytes de la femme sont ponctionnés par voie chirurgicale, puis mis en contact avec les spermatozoïdes en laboratoire. Ensuite, une fois l’embryon formé, ce dernier est transféré dans l’utérus.

Cependant, près de 7 tentatives de fécondation in vitro sur 10 se soldent par un échec, généralement car l’embryon ne s’implante pas bien. Il s’agit donc d’un processus qui peut être très éprouvant pour les couples.

Propos recueillis par Thomas Allard

Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation

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