L’épidémie annuelle de bronchiolite, une maladie dangereuse pour les bébés et les personnes âgées, a débuté en métropole, a signalé le 30 octobre Santé publique France. Depuis 2023, on dispose de deux traitements préventifs pour diminuer la gravité de l’infection. Qu’en penser ? Le point avec le professeur Olivier Brissaud, pédiatre et responsable de la réanimation et des soins intensifs polyvalents pédiatriques du CHU de Bordeaux

La bronchiolite gagne du terrain en France métropolitaine : selon Santé publique France, l’Île-de-France, les Antilles et la Guyane sont entrées en phase épidémique et la Bretagne, les Hauts-de-France et la Normandie sont désormais passés en pré-épidémie. À cause de cette explosion du nombre de cas et une circulation toujours active de la Covid-19, l’Assistance publique et hôpitaux de Paris (AP-HP) vient de rendre à nouveau obligatoire le port du masque pour tous dans les hôpitaux franciliens.

Chaque hiver, pendant la saison épidémique d’octobre à mars, cette maladie respiratoire provoquée principalement par le très contagieux virus respiratoire syncytial (VRS) touche environ 30 % des enfants de moins de deux ans, selon la Haute autorité de santé, soit 480 000 cas par an. Si elle est majoritairement bénigne, la bronchiolite peut être à l’origine de complications graves chez le nourrisson et cause chaque année près de 30 000 hospitalisation selon Santé publique France.

Si le bébé a un comportement anormal, il faut consulter !

Quels symptômes doivent alerter ? « La bronchiolite se caractérise par une inflammation des parois des bronchioles (petites bronches) et une production de sécrétions, explique le professeur Olivier Brissaud, pédiatre et responsable de la réanimation et des soins intensifs polyvalents pédiatriques du CHU de Bordeaux. Cette maladie provoque un rhume et des quintes de toux qui ponctuent une respiration sifflante et rapide. La fièvre n’est pas systématique. Si un enfant est moins réactif que d’habitude, dort tout le temps ou est très agité, qu’il présente des difficultés respiratoires (respiration difficile, rapide ou trop lente, thorax qui se creuse, pauses respiratoires…), qu’il refuse de boire les biberons ou de prendre le sein, devient bleu autour de la bouche, ou qu’il a moins de trois mois, il faut impérativement consulter un médecin ou appeler le samu (15) », alerte le pédiatre.

Certains gestes barrières peuvent limiter la transmission du virus : se laver les mains avant et après contact avec bébé, aérer régulièrement le logement, porter un masque en cas de symptômes, ne pas partager des biberons, tétines, etc.

Deux traitements préventifs très efficaces

Une fois que l’infection virale est là, difficile de l’endiguer : il n’existe pas de médicaments spécifiques pour la soigner. Depuis 2019, la Haute autorité de santé déconseille la kinésithérapie respiratoire de désencombrement bronchique dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois. Toutefois, il est possible d’aider son bébé à mieux respirer en réalisant plusieurs fois par jour un lavage de nez avec du sérum physiologique.

En outre, depuis plusieurs mois, les pédiatres disposent de deux traitements préventifs (en partie voire intégralement pris en charge par l’Assurance maladie) réduisant les formes les plus graves voire mortelles de la maladie : le Beyfortus® (nirsévimab) d’AstraZeneca et Sanofi, des anticorps monoclonaux donnés sous forme d’injection aux nourrissons de moins d’un an.

Depuis cette année, un vaccin, l’Abrysvo® de Pfizer est disponible. Il est injecté à la mère entre la fin du septième mois et la fin du huitième mois de grossesse. « Il permet à la femme enceinte de fabriquer des anticorps qu’elle transmet à son enfant. Ainsi, le nourrisson est protégé dès sa naissance et jusqu’à l’âge de 6 mois contre le VRS, période où il est le plus vulnérable », souligne le pédiatre du CHU de Bordeaux.

Près de 6000 hospitalisations en moins

Les résultats sont probants : le Beyfortus® a permis de prévenir entre 76 % et 81 % des formes graves de la maladie et d’éviter 5800 hospitalisations pour bronchiolite à VRS, selon deux études de Santé publique France et de l’Institut Pasteur.

Quant au vaccin, selon les essais cliniques publiés dans le New england journal of medicine, il permet de réduire les infections respiratoires sévères liées au VRS de plus de 81 % dans les trois mois suivant la naissance, et près de 70 % à six mois.

« Ces traitements ont donc un effet notable sur l’épidémie. Je les recommande vivement », indique le professeur Brissaud. Ils permettent aussi de désengorger les services de pédiatrie, complètement submergés.

Florence Heimburger

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