Des chiens formés à détecter les cancers de la prostate les plus agressifs

Des chiens entraînés dans le cadre du programme Nosaïs se sont montrés capables de détecter précocement les cancers de la prostate les plus dangereux, à partir d’échantillons d’urine. Une première ! Et un espoir pour les futurs patients.

Noona fait partie du programme Nosaïs qui vise à développer la recherche de pathologies au moyen de l’olfaction canine. Cette jeune chienne labrador est entraînée à détecter les composés organiques volatils spécifiques des cancers de la prostate les plus agressifs à partir d’échantillons d’urine. Une initiative portée par son maître : Dominique Grandjean, professeur vétérinaire et ancien chef de l’Unité de médecine de l’élevage et du sport de l’école vétérinaire de Maisons-Alfort, co-fondateur de Nosaïs.

Identifier les cas positifs de cancers agressifs

Entre novembre 2022 et avril 2024, Noona et six autres chiens du programme Nosaïs ont participé à une étude de validation prospective en double aveugle portant sur 151 échantillons d’urine. Cette étude, menée en collaboration avec les services d’urologie des hôpitaux Bichat (Paris) et Henri Mondor (Créteil), visait à déterminer si les chiens étaient capables d’identifier les cas positifs de cancer de la prostate les plus agressifs*. Les résultats publiés le 31 juillet 2024 dans le World journal of urology le confirment.  

« Les sept chiens ont correctement détecté les échantillons d’urine correspondant aux cancers les plus mortels, ceux qui métastasent très vite », se félicite Dominique Grandjean, co-signataire de l’étude. Et ce, « avec une sensibilité, c’est-à-dire un pourcentage de réussite sur les prélèvements positifs, de 54 à 86% et une spécificité, c’est-à-dire un pourcentage de réussite sur les prélèvements négatifs, de 69 à 88% ».

Éviter des biopsies traumatisantes et inutiles

« La combinaison de l’IRM de la prostate et de l’olfaction canine pourrait donc être très bénéfique puisqu’elles sont complémentaires, avec une sensibilité très élevée pour l’IRM et une sensibilité et une spécificité élevées pour les chiens », soulignent les auteurs de l’étude. « Ces résultats restent à affiner, mais cette combinaison est celle qui donne le meilleur résultat prévisionnel, de manière précoce et fiable » s’enthousiasme Dominique Granjean. Elle permettrait aussi d’éviter nombre de biopsies, invasives et traumatisantes pour les patients, couteuses pour la société.

Verra-t-on prochainement des chiens formés à repérer les marqueurs olfactifs du cancer de la prostate participer gratuitement a des campagnes de dépistage de masse ? Dominique Grandjean et son équipe en rêvent, tout en s’attaquant d’ores et déjà à la détection olfactive d’autres maladies humaines. « Nous avons démarré des recherches avec l’hôpital Henri Mondor, sur la maladie de Parkinson, avec l’Institut Gustave Roussy sur les mélanomes, et avec l’université de Strasbourg sur le cancer de la vessie ».

L’équipe ambitionne d’ouvrir un centre de recherche sur la détection biomédicale olfactive canine dans les Hauts de France, et cherche actuellement un local ainsi que des financements. En ce mois de sensibilisation au dépistage des cancers de la prostate et des testicules, tous les dons sont bienvenus ! S’agissant des croquettes destinées à récompenser Noona et les autres, leurs compagnons humains s’en occupent…

Alexandrine Civard-Racinais

* Le degré d’agressivité est mesuré par le score de Gleason qui s’échelonne de 1 à 9. Plus le score est élevé, plus la maladie est agressive et le risque mortel élevé.