Celia Pelluet, jeune ingénieure du Centre national d’études spatiales travaille sur l’envoi d’un accéléromètre quantique dans l’Espace au sein de la mission spatiale Carioqa. Entre deux mesures scientifiques, elle se produit sur scène en spectacle de stand-up. Un parcours inspirant. Entretien
Pourquoi travailler sur la gravité et envoyer un accéléromètre quantique à bord d’un satellite ?
Celia Pelluet : On a l’impression que le champ de gravité terrestre est partout le même. En réalité, il y a un grand nombre de choses qui peut faire varier la forme du champs de gravité terrestre : une montagne, des océans, une masse d’eau, etc.
On peut alors produire des cartes de gravité. Elles sont utiles pour toute une communauté scientifique. Par exemple pour les glaciologues qui vont travailler sur l’évolution des masses de glace au niveau des pôles ou les océanographes qui vont étudier la densité marine.
C’est déjà fait actuellement par des missions spatiales. Mais cela produit des cartes de gravité de manière classique en mesurant l’accélération de deux satellites qui tournent autour de la Terre.
Là où intervient vraiment mon domaine de recherche et ce que j’ai fait en thèse, en post-doctorat et aujourd’hui en tant qu’ingénieure au CNES, c’est pour révolutionner ces instruments. On va utiliser des nuages d’atomes, dont on va pouvoir étudier très précisément l’accélération grâce à des lasers notamment. En utilisant des accéléromètres quantiques, on obtient une mesure encore plus précise de l’accélération et donc par la suite du champ de gravité.
C’est l’objet de la mission spatiale Carioqa qui va amener pour la première fois un accéléromètre quantique dans l’Espace.
Pourquoi faire du stand-up quand on est chercheuse en physique quantique ?
Celia Pelluet : Au départ, c’était assez indépendant de mon parcours en physique. J’ai toujours fait de la musique et du théâtre en parallèle de mes études scientifiques. Je pense que cela a créé un équilibre aussi entre la rigueur très stricte des sciences et des mathématiques et des aspects plus artistiques. Et via notamment le théâtre d’impro, je me suis retrouvé à vouloir faire plutôt de l’humour. Et comme je faisais des chansons, j’ai fait des chansons humoristiques.
Et puis finalement dans une ville comme Bordeaux, où j’ai fait mes études, où le stand-up est en train de se développer j’ai eu l’opportunité de faire mes premières scènes. J’ai continué de jouer 2 à 3 fois par semaine pendant ma dernière année de thèse. Je me suis rendue compte que tout ce que je pouvais soulever comme bizarrerie en étant une femme dans un laboratoire, cela parlait à énormément de femmes.
Du côté du spectacle, il y aussi une grande fascination pour les sciences.
Quel parcours vous a mené au doctorat de physique quantique et au stand-up ?
Celia Pelluet : J’ai suivi le parcours classique que l’on nous propose de faire quand on est une bonne élève de terminale. Après un bac scientifique, je suis allée en classe préparatoire, puis dans l’école d’ingénieur Sup Optique (Institut d’Optique Graduate School Nouvelle Aquitaine). C’est une école très ouverte à la recherche, très axée sur la physique.
Dans les écoles d’ingénieur, il y a beaucoup d’évènements artistiques. C’est ainsi que j’ai participé à un concours étudiant en 2018 en duo avec une camarade : le Campus comedy tour. La première fois que j’ai joué du stand-up sur scène, c’était à La Cigale dans une finale face à Paul Mirabel. Il a gagné…
Propos recueillis par Alexandre Marsat
Celia Pelluet se produira en stand-up le samedi 30 novembre 2024 à17h00 à Darwin (Bordeaux) pendant le Festival Néoterra
Avec le soutien du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.